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Depuis Ibn Al-Muqaffa, et même avant lui, on ne se nourrit pas que de livres
Publié dans Le Soir Echos le 13 - 04 - 2010

Gourmand de littérature plutôt que goinfre, mes chances de me comporter en lecteur civilisé augmentent d'autant. 
Si je me détournais un moment de mes lectures de contemporains, ce serait pour méditer, les mots qui vinrent au VIIIe siècle à Ibn Al-Muqaffa, l'auteur de «Kalila et Dimna» , ce recueil de règles pour la conduite des rois…et des manants, que La Fontaine connut en traduction française et dont il lui arriva de s'inspirer : «O mon fils, quand tu es invité à un repas, ne regarde pas d'où viennent les aliments, d'où sont apportés les plats et à ta place, reste maître de toi-même». 
Le gourmand est ici percé à jour avant d'être piqué au vif : «Ne sois pas le premier à mettre la main au plat, et tiens compte des préséances. Ne sois pas le dernier à retirer ta main du pain et de la table, de peur que les invités ne te prennent pour un homme à l'âme vile, qui est la proie de l'avidité». L'éloge de l'avidité existe heureusement dans cette expression apéritive entre toutes qui fait dire d'un tiers : «Il (ou elle) est gourmand (e) de la vie». Alors la gourmandise s'avère qualité vertébrale, vertu essentielle, modèle de comportement. 
J'ouvre, au hasard, un livre commis naguère (il y a déjà vingt et ans, tout de même) et qui parut et disparut aux éditions Belfond. Mon essai d'autobiographie alimentaire accueillait sous le titre «L'Oiseau vit de sa plume»  une flopée de menus guignés. Et un appétit d'outre-monde, via ces phrases d'Henri Michaux : «Jamais, jamais, non JAMAIS, vous aurez beau faire, jamais ne saurez quelle misérable banlieue c'était que La Terre. Comme nous étions misérables et affamés de plus Grand». Une plus vaste table ? Une corne d'abondance ? Sous quelle lune ? Heureusement, il est une gourmandise  constamment susceptible d'être ravivée et que ne guette jamais le risque de rassasiement : c'est la lecture. Valéry Larbaud l'appelait «Ce vice impuni». Quand cette gourmandise vous choisit, elle peut vous tenir lieu de presque tout, ce qui n'est pas rien. Un heureux moyen de célébrer la gourmandise, c'est d'abord, de convier autrui à des agapes.
On peut juger du monde où nous sommes à la lumière de ce dit du prophète de l'Islam : «Tu n'es pas croyant si tu dors rassasié et abreuvé, alors que ton voisin reste affamé». Au fond, de même que l'on ne sera jamais authentiquement libre tant que la servitude menacera tel ou tel voisin. Il n'est de gourmands heureux qu'accompagnés d'autres convives. La découverte est un bonheur. A ce titre, le goûteur de mets ressemble au goûteur de livres, ce que savait bien mon cher Bernard Frank auquel Martine de Rabaudy  vient de consacrer un joli livre «Une saison avec Bernard Frank» (Flammarion) L'auteur de «Un siècle débordé» mourut en 2006 au restaurant.  Riffaa at-Tahtawi (1801-1873) venait de son Egypte natale lorsqu'il débarqua à Marseille, le 15 mai 1826, membre d'une mission envoyée par le pacha d'Egypte. Sa relation de voyage 1826-1831 a été publiée sous le titre «L'Or de Paris». L'alimentation des Parisiens retient son attention : «Sache que la nourriture des habitants de la ville est le froment, qui a souvent des petites graines, sauf s'il est importé. On le moud dans des moulins à vent et à eau, on le boulange chez le boulanger. Chacun a une ration quotidienne qu'il se procure chez le boulanger. On procède ainsi pour épargner le temps et l'économiser, car tout le monde est occupé à des travaux spéciaux que dérangerait la fabrication du pain à la maison». Cela dit, notre voyageur ne trouve pas la cuisine française aussi délicieuse que la cuisine égyptienne. 
Observateur du monde arabo-islamique, auteur avec Luc Barbulesco du meilleur livre-promenade consacré aux écrivains arabes d'aujourd'hui, Philippe Cardinal fut l'envoyé spécial au Caire du quotidien parisien Libération lors de l'attribution du prix Nobel de littérature 1988 à Naguib Mahfouz, il écrivait ceci : «Sur les murs du Caire, offertes par le ministère de la Culture, des affiches  ont fleuri montrant Naguib Mahfouz au café.
Le ministère des Postes édite un timbre. En province, des maires donnent son nom à des rues, à des places. Dans le Delta, un notable lettré convie mille personnes à « un repas de viande». 
Tout cela donne de la l'appétit, n'est-ce pas ?


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