« Dans l'intimité du Maroc, Gabriel Veyre 1901-1936», devenue exposition itinérante, fera prochainement halte au Musée de Bank Al-Maghrib à Rabat, du 3 septembre au 5 octobre. Après le vernissage le 7 septembre, l'exposition se poursuivra ensuite à Meknès, Oujda, Marrakech et Safi retraçant les liens de Gabriel Veyre avec le Maroc. La caravane de l'exposition « Dans l'intimité du Maroc, Gabriel Veyre 1901-1936», aux arts multiples, fait découvrir les multiples vies de Gabriel Veyre. Homme orchestre, cette âme rare tombée sous le charme du Maroc sera tour tour opérateur lumière, photographe et ingénieur du sultan Moulay Abdelaziz. On l'imagine dès lors, alerte, porté par l'intérêt jamais démenti de ses nouveaux contemporains, toujours sur le terrain, l'œil dans le viseur et la sensibilité aux prises avec la lumière. L'Institut français du Maroc, présente ainsi, pour la première fois dans le royaume, la collection Gabriel Veyre composée des photographies et des films inédits sur le Maroc de 1901 à 1936. Une vie riche en images et en portraits, glanée à coups d'instantanés et d'une attention de chaque instant. Observateur soucieux de ne pas être hors cadre, l'exposition « Dans l'intimité du Maroc , Gabriel Veyre 1901-1936» s'attache ainsi à mettre en lumière, cette caractéristique propre à Veyre. A travers trois espaces, le visiteur découvrira les champs successifs investi par l'homme passionné de 8e art avant l'heure. Précurseur, défricheur, Gabriel Veyre incarne aujourd'hui un monde en trois dimensions distillé dans l'espace du musée de Bank Al-Maghrib : l'espace 1 est dédié à la projection d'un film muet de Gabriel Veyre réalisé en 1934-35. Il s'agit des premiers films couleurs réalisés au Maroc en 16mm. Ce film a été monté par Gabriel Veyre avec des intertitres qui légendent les images. Il présente notamment, un panorama de différentes villes, lieux et scènes de la vie quotidienne marocaine (de nombreux lieux sont repris sous forme de photographies autochromes dans la salle du 2e étage). L'autochrome est le premier procédé industriel de photographie en couleurs mis au point par les frères Lumière en 1905. Il se présente sous la forme d'une grande diapositive. Ce film d'une durée d'une heure peut de plus, être visionné par intermittence car il n'y a pas de narration chronologique. Quant à l'espace 2, il révèle les autochromes réalisées par Gabriel Veyre entre 1934-1935. Une soixantaine d'autochromes sont exposées en transparence dans des boîtes lumineuses accrochées sur des cimaises. Cet espace propose en effet, un «tour du Maroc» qui mêle vues de paysages, villes et portraits. Enfin, l'espace 3 présente la vie de Gabriel Veyre, déclinée en trois parties : une trentaine de photographies faites par Veyre retrace sa vie au Maroc depuis son arrivée en 1901 jusqu'à sa mort en 1936. Plusieurs documents (livre, journal de voyage, revue «l'Illustration»…) complètent cette biographie illustrée. Un panneau chronologique reprend également, les dates marquantes de la vie de Gabriel Veyre, mêlées à celles de l'histoire marocaine et celles de l'histoire de la photographie. Goût des autres Qui mieux que Gabriel Veyre, capable d'insuffler une seconde vie aux êtres qui prenaient la pose face à son objectif, évitant l'écueil de folklore pouvait être l'objet d'une telle exposition plus d'un siècle après as disparation ? En 1896, âgé de 25 ans, il se prépare à faire le tour du monde. Les frères Lumière viennent d'inventer le cinématographe et recrutent des opérateurs pour propager leur nouvelle invention à travers le monde. Gabriel Veyre a le profil idéal : il est passionné de photographie et d'électricité, possède de bonnes notions de chimie grâce à son diplôme de pharmacien et doté d'un solide tempérament. Le 11 juillet 1896, il quitte le port du Havre. Son objectif ? Prendre des vues et organiser des projections dans toutes les grandes capitales afin de faire connaître le cinématographe. Son premier voyage le conduit en Amérique latine : Mexique, Cuba, Colombie, Venezuela. Partout où il passe, le succès du cinématographe est prodigieux. Alors qu'il a 30 ans, on lui propose d'aller enseigner la photographie au sultan du Maroc, il accepte, d'emblée. L'ensemble de ses films est de plus, conservé à l'institut Lumière à Lyon. En 1901, le sultan du Maroc, Moulay Abdelaziz, est âgé d'une vingtaine d'années. Pétri d'une insatiable curiosité, il veut tout connaître de la photographie, des inventions technologiques et des découvertes scientifiques de l'époque en Occident. Une grande amitié éclos entre les deux hommes. Suivront, sept années passées dans l'intimité du sultan à Fès et Marrakech, Gabriel Veyre n'a cessé de produire des images qui constituent aujourd'hui une mémoire photographique exceptionnelle sur le Maroc du début du XXe siècle. Autant de clichés qui témoignent de sa vie marocaine. * Tweet * *