Ça en devient presque prévisible. Chaque été, Israël organise une campagne de communication pour rappeler le danger que constitue selon lui l'Iran. Il est aidé par les médias occidentaux qui, dans leur grande majorité, reprennent sans réellement prendre de recul les arguments censés justifier une opération militaire israélienne sur le territoire iranien. Car il s'agit bien de déclencher une guerre pour éviter, selon le leitmotiv sans cesse répété, que l'Iran ne parvienne à fabriquer une bombe nucléaire et ne s'en serve contre Israël. Certes, à plusieurs reprises, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a tenu des propos pour le moins critiquables et stupides à l'encontre d'Israël, parlant même de sa destruction. Mais ce discours ne doit être considéré que pour ce qu'il est, c'est-à-dire une provocation purement verbale, sans finalité concrète. Outre le fait que les informations à disposition concernant le programme nucléaire iranien sont peu nombreuses et très difficiles à vérifier, il faut bien voir quel est l'objectif pour l'Iran : ce dernier cherche à être la seconde puissance régionale, Israël étant le seul état de la région jusqu'à présent, à posséder l'arme nucléaire. L'intention ne sera pas de s'en servir, ce qui aboutirait inévitablement à un chaos sans nom dans la région et à un drame humain sans précédent, avec à la clé la destruction de plusieurs états voisins. L'Iran veut créer un contrepoids à l'influence israélienne, et par voie de conséquence à l'influence américaine qui l'isole de plus en plus sur la scène régionale. En outre, si le régime d'Al-Assad venait à disparaître, l'arrivée des sunnites au pouvoir en Syrie isolerait encore plus un Iran chiite dont les alliés, la Russie surtout, se trouvent hors de son périmètre régional. Un tel enclavement aurait pour conséquence possible une radicalisation du discours et des actes du pouvoir iranien qui se sentirait de plus en plus menacé par ses voisins. L'attitude belliciste d'Israël, caractérisée par un discours très menaçant de plusieurs dirigeants et membres du gouvernement de Benyamin Netanyahu, reprend donc de ses forces par moments et cet été n'a pas échappé à la règle. Ainsi, des mesures visant à prévenir la population israélienne d'attaques par envoi de SMS ont été mises en place. De même, plusieurs officiels ont ouvertement parlé d'une très prochaine intervention préventive et se sont même risqués à évaluer les possibles pertes civiles israéliennes, estimées à cinq cent. Le chiffre est hautement discutable, dans la mesure où personne ne sait comment se déroulerait le conflit, une fois les premiers missiles envoyés. La guerre courte envisagée par certains, un mois environ, pourrait s'enliser dans un conflit où les forces iraniennes sont loin d'être négligeables. Plusieurs responsables israéliens s'opposent à une guerre ouverte, le président Shimon Perez adoptant même un discours beaucoup plus prudent que le Premier ministre Netanyahu, et ces dissensions montrent le pluralisme qui règne au sein d'une opinion israélienne qui certes craint l'Iran mais qui doute également de la capacité d'Israël à se protéger de ce danger. En effet, selon plusieurs sources, Israël bombarderait les installations nucléaires iraniennes avec des missiles pouvant pénétrer en profondeur dans le sol, missiles fournis par l'allié américain. Mais rien n'indique qu'une telle opération sera un succès, les pertes militaires (avions abattus) étant à prendre en compte, de même que l'enfouissement des installations nucléaires confère à ces dernières une relative sécurité. Des dégâts seront occasionnés, mais de l'aveu même de responsables israéliens, le programme nucléaire iranien ne serait pas condamné, tout plus retardé de quelques années... De telles incertitudes devraient faire réfléchir en haut lieu les responsables israéliens. Mais il semble bien que le Premier ministre Netanyahu soit partisan, avec son ministre de la Défense Ehud Barak, d'une ligne politique dure. Ils cherchent, via leurs multiples rencontres avec des responsables américains (le candidat républicain Mitt Romney, le secrétaire d'état à la Défense Leon Panetta...), à avoir le soutien des Américains qui, tout en dénonçant le programme nucléaire iranien, se refusent à appuyer pour l'instant une intervention qui pourrait avoir des répercussions négatives pour l'image des Etats-Unis dans la région. Israël cherche d'ailleurs à faire de son projet un des clivages possibles de la campagne présidentielle américaine, le président Obama n'étant pas considéré à Tel-Aviv comme un ami d'Israël, à l'inverse de Mitt Romney qui a multiplié les déclarations pour préciser le rapport spécial qu'il entend recréer avec Israël, allant jusqu'à dire que Jérusalem est la capitale d'Israël, ce que les Etats-Unis ne le reconnaissent pas officiellement... Israël semble faire le choix d'une politique de l'affrontement qui risque de lui nuire en créant davantage d'insécurité dans une guerre où l'inconnu prédomine. Souhaitons que cela ne reste qu'un discours et que les négociations diplomatiques reprendront de la vigueur.