La 24e édition du festival « Visa pour l'image » de Perpignan se tiendra du 1er au 16 septembre, avec 27 expositions présentées dans onze lieux de la ville de Perpignan en France. Les travaux de Rémi Ochlik, tué à Homs en Syrie en février dernier, sont en grande partie consacrés aux révolutions arabes.L'artiste Hady Sy propose en avant-première une installation semi-circulaire, reflet du corps humain, de 366 portraits d'anonymes, qui sont autant de témoignages que de désir de partage. L'évènement-phare de la photographie revient en grande pompe, comme chaque année, dans le sud de la France, et organise 27 expositions dans plusieurs lieux de la ville, couronnées par dix prix prestigieux, remis durant la semaine professionnelle. Les soirées de projections (du 3 au 8 septembre), diffusées dans le Campo Santo (théâtre en plein air de 2 250 places) présentent également des reportages photo et retracent les événements les plus marquants de l'année écoulée. Comme à son accoutumée, ce festival sonde les inégalités, les souffrances, les conflits et les blessures de la planète, à travers des photographies inédites mêlant brillamment humanisme et esthétisme. L'évènement présentera cette année le travail de photographes primés et acclamés à maintes reprises, et met en avant leur regard probant et leur objectif baroudeur. Parmi les travaux marquants, figure la rétrospective du jeune photographe Rémi Ochlik, tué à Homs en Syrie en février dernier. Ce photographe dont une très grande partie est consacrée aux révolutions arabes a disparu avec sa confrère Marie Colvin, lors des violences en Syrie. Ce jeune homme de 28 ans dont le travail sur le printemps arabe a été salué par tous, et dont le premier reportage sur Haïti avait été projeté à Perpignan en 2004. Un autre hommage sera consacré à Gilles Jacquier, grand reporter pour Envoyé Spécial, le magazine de France 2, tué à Homs dans des circonstances qui manquent de transparence. Les férus de photographies, notamment les photographies ayant trait au monde arabe, pourront suivre de près l'exposition « Colères » de Johann Rousselot, un travail original sur les « printemps arabes » qui dégaine des photographies témoignant de la renaissance du monde arabe, et l'héroïsme dont ont fait preuve ses révolutionnaires désormais inscrits dans l'histoire. Le photographe sort ces combattants de l'anonymat à travers des portraits « d'icônes révolutionnaires » et rend hommage à l'audace de ces insurgés à travers des portraits graphiques. Toujours dans le monde arabe, Hady Sy, plasticien et photographe libano-sénégalais, présente « One Blood, Beyrouth 2012 », un projet qu'il a mené durant quatre années aux quatre coins du monde afin de sensibiliser les populations à la nécessité du don du sang. Mani, lauréat 2012 du visa d'or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge, présentera également un reportage sur la Syrie dans Homs, et nous mènera tout près de l'horreur et des violences de ce pays martyrisé. Humanisme et esthétisme De l'onde de choc grecque qui s'est vite étendue aux autres capitales portée par les photographes Louisa Gouliamaki et Angelos Tzortzini , de la baie de Guantanamo avec Mathias Braschler et Monika Fischer qui ont réalisé des portraits sensibles des prisonniers cagoulés, au Kurdistan et la colère d'un peuple sans droit avec Julien Goldstein, qui capte la souffrance d'un peuple oublié, dépourvu d'état et d'identité, tous les conflits d'actualité y passent. Les visiteurs pourront également se délecter du travail unique du grand photographe Robin Hammond, auteur d'un plongeon humaniste dans l'Afrique subsaharienne, ainsi qu'un tour du côté de l'Arctique russe ou la « zone d'inconfort absolu » où quelques hommes extraient des profondeurs de la toundra des milliards de tonnes de pétrole, de gaz, de minerai qui permettent à Moscou de tenir tête à ses voisins européens dévoreurs d'énergie. Le festival propose également un regard sur la sexualité féminine et ses dessous au Swaziland proposé par l'Anglaise Krisanne Johnson et une escale documentaire au Nigeria qui s'enfonce de plus en plus dans le chaos de la guerre civile. Il y a aussi ce voyage humanitaire du côté de l'Afrique du Sud, qui montre le lavage de cerveau ubuesque dont font l'objet les Sud-Africains blancs à qui on apprend de rejeter la vision d'une nation arc-en-ciel multiculturelle défendue par Nelson Mandella. Un projet intitulé « Sang afrikaner/la génération née libre » et porté par Ilvy Njiokiktjien, prix Canon de la Femme Photojournaliste 2011. Le grand reporter français Noël Quid, quant à lui, sonde le rastafarimse et braque son objectif sur les descendants d'esclaves noirs en quête d'émancipation, et met en avant cette vision libératrice d'un peuple traumatisé par quatre siècles d'esclavagisme, faisant fi de l'image des rastas réduite à celle de fumeurs de joints et porteurs de dreadlocks. Sans oublier les soirées de « Visa pour l'image » qui retracent les évènements les plus marquants et dont les projections débutent, chaque soir, par une « chronologie » retraçant deux mois d'actualité de l'année écoulée. « Visa pour l'image » est un événement graphique à échelle humaine à ne pas rater, pour ceux qui auront la chance d'être dans le sud de la France, du 1er au 16 septembre. * Tweet * *