Un rapport de la commission d'enquête des Nations Unies accuse le régime de Bachar al-Assad de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Les rebelles sont aussi épinglés. Le président de la Commission d'enquête internationale a exposé les différentes violations commises ces derniers mois en Syrie. L'étau se resserre davantage autour de Bachar al-Assad. Son sérail a été sérieusement épinglé par un rapport de la Commission d'enquête indépendante mandatée en Syrie par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Dans ce document de 102 pages, les enquêteurs onusiens accusent le gouvernement syrien de tortures et de violations de droits de l'homme. « La commission a trouvé un terrain raisonnable permettant de croire que les forces gouvernementales et les Chabbiha ont commis des violations flagrantes du droit international en matière de droits de l'homme et du droit humanitaire, y compris des meurtres illicites, des actes de torture, des arrestations arbitraires, des pillages et des destructions de biens », peut-on lire. La commission pointe du doigt le lourd arsenal militaire déployé par Damas sur les théâtres d'opération. « Des opérations à grande échelle conduites dans plusieurs provinces, leurs modus operandi semblables, leur complexité et l'implication conjointe des appareils sécuritaire et militaire témoignent d'une implication de l'armée, des services de sécurité et du gouvernement au plus haut niveau ». Violences contre les enfants Le rapport évoque aussi de nombreux cas de violences commis par l'Armée loyale à Bachar al-Assad contre des enfants. « Des enfants ont raconté qu'ils avaient été battus, fouettés avec des câbles électriques, brûlés par des cigarettes et victimes de décharges électriques dans les parties génitales »,indique le document. Le régime syrien est aussi tenu pour responsable du massacre commis le 25 mai dans le village Al Houfa à Homs et qui avait occasionné plusieurs morts dont des enfants. « Les forces gouvernementales et les combattants Chabbiha sont responsables de la mort de plus de cent civils, dont presque la moitié étaient des enfants ». Monzer Makhous, vice-président de la commission des affaires étrangères du Conseil national Syrien (CNS) a déclaré sur les ondes de Rfi que « cette condamnation est un élément supplémentaire qui fait qu'un jour les pays occidentaux ne pourront pas faire autrement que prendre leurs responsabilités ». Culpabilité des rebelles Les rebelles réunis sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL) ne sont pas exempts de reproches. Les insurgés sont coupables de crimes de guerre mais de moindre envergure, comparées aux exactions des forces du régime. « Des crimes de guerre, incluant des meurtres, des assassinats extrajudiciaires et des tortures ont été commis par les groupes armés anti-gouvernement. Toutefois ces violations et abus n'étaient pas de la même gravité, que ceux commis par les forces gouvernementales et les Chabbiha », révèle le document. Selon le rapport, ils ont tué des militaires , des milices «Chabbiha» et des informateurs présumés après leur capture et parfois après des procès sommaires. Par ailleurs , le rapport indique que les deux camps ont commis des atteintes aux droits des enfants en 17 mois de conflit. Les enquêteurs notent aussi une « détérioration significative de la situation depuis le 15 février » et une extension des actes de violences dans de nouvelles zones et le recours par les deux camps à « des tactiques plus brutales et à de nouvelles capacités militaires ». Poursuites judiciaires Les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité risquent gros. La Commission a fait savoir qu'elle soumettra à la fin de son mandat, en septembre, à Navi Pillay, Haut-commissaire aux Droits de l'homme, « une liste confidentielle d'individus et d'unités, considérés comme responsables de crimes contre l'humanité, violation des lois humanitaires et de violations flagrantes des droits de l'homme ». Les bourreaux pourraient faire l'objet de poursuites judiciaires au niveau du Tribunal pénal international. Sur le terrain, le bilan macabre continue. Un raid aérien a ciblé mercredi à Azaz une ville rebelle proche de Alep, le deuxième poumon économique de la Syrie. A en croire l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un avion a tiré des missiles dans cette localité qui compte 70.000 habitants, occasionnant 31 morts et 200 blessés. Pas moins de 23 000 personnes ont perdu la vie en 17 mois et quelques jours de conflit, selon l'OSDH. * Tweet * *