Fin juillet, le ministre de la Santé avait annoncé une baisse de 30 à 60 % des prix des médicaments dans les trois prochains mois. En guise de protestation, la Fédération nationale des Syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) s'est retirée de la Commission consultative des médicaments et des produits de santé. Dans cet entretien, Ouali Amri, président de la FNSPM revient sur les points focaux de leur revendication. Ouali Amri. Pourquoi vous avez décidé de vous soulever contre la baisse des prix des médicaments ? Pour montrer votre désapprobation, vous vous êtes retirés de la commission consultative des médicaments. Est-ce qu'il n'aurait pas été plus opportun de rester dans l'instance pour mieux défendre votre position ? Nous nous sommes retirés de la commission parce que les responsables de cette instance ont pris des décisions sans nous consulter. Nous sommes un secteur sinistré et tout ce qui peut nous toucher de près ou de loin nous importe. Nous devons être impliqués dans toutes les décisions. On est extrêmement étonnés de constater que des décisions sont prises sans concertation avec les officinaux à tous les niveaux. A vous entendre, cette mesure risque d'avoir des répercutions négatives au sein des officines ? Avec cette baisse, la plupart des princeps peuvent coûter 60 à 80 % moins chers. Le pharmacien marocain est une véritable richesse pour le développement de la santé au Maroc. Il représente une véritable valeur ajoutée pour le progrès humain et social de notre pays. La fédération, à travers son bureau exécutif, s'engage à défendre au mieux les intérêts de la profession en participant à l'élaboration de la nouvelle politique du médicament qui tiendrait compte des attentes de notre secteur , être à l'écoute des syndicats et de toutes les composantes de la profession et mettre tout en œuvre pour sortir cette profession de la crise. La baisse des prix du médicament, n'est-ce pas une décision qui va rendre plus accessible les médicaments à plusieurs catégories sociales ? Nul ne devrait être privé d'accès aux médicaments qui sauvent des vies ou améliorent la santé pour des raisons injustes notamment d'ordre économique . Mais au même titre que l'éducation, la santé est un droit universel et c'est à l'Etat d'assumer ses responsabilités en y allouant une plus grande part du PIB . On ne met pas en œuvre une politique sanitaire en opérant une baisse du prix du médicament au détriment du secteur de l'Officine. Nous ne sommes pas contre l'accessibilité du médicament au citoyen mais il y a des priorités, et le citoyen a besoin d'un accès aux soins de santé dans sa globalité. La santé c'est tout un système . Le ministère doit commencer par diminuer les prix des produits d'oncologie , d'hépatites , de sclérosés en plaque ou les traitements qui peuvent dépasser les 60 000 dirhams. Aucun effort n'est fait à ce niveau. Mardi soir, vous aviez une rencontre avec le ministère de la Santé au cours de laquelle une commission a été créée. Pourriez-vous nous donner plus de détails concernant cette nouvelle structure ? Le ministre a répondu à une partie de nos doléances en mettant en place une commission composée de personnes qualifiées qui maîtrisent très bien le sujet. C'est déjà un grand pas pour les négociations à venir. Cette réunion où étaient présentes toutes les composantes de la profession fédération, s'est déroulée dans un climat serein et responsable. Un calendrier de travail a été établi. Quelles sont les actions que vous prévoyez en cas de désaccord avec le ministère ? Des résolutions très importantes ont été prises lors de notre dernier Conseil fédéral (Ndlr : jeudi dernier à Rabat) pour mettre en œuvre des actions (grèves et sit-in) pour défendre l'avenir de l'officine au Maroc. Mais avant d'en arriver là, nous demandons à notre ministère de prendre ses responsabilités et de négocier d'une manière sereine avec les pharmaciens d'officine dans l'intérêt du citoyen . Notre citoyenneté n'étant plus à prouver, notre sens de responsabilité également. Nous demandons l'intervention immédiate de toutes les composantes du gouvernement pour sauvegarder ce tissu performant qu'est la pharmacie marocaine. Nous voulons un système qui fera évoluer l'économie de l'Officine et non la couler. * Tweet * * *