Cela ne peut pas paraître étonnant mais Casablanca a été occupée bien avant la signature du traité du protectorat entre le Maroc et la France en 1912. Le 5 août 1907, les 30 000 habitants de la ville sont plongés dans leur sommeil quand ils furent réveillés non pas par l'appel du muezzin à la prière d'Assobh mais par le bombardement de Casablanca par des navires de guerre français. Un bombardement effréné sur le rivage casablancais près du port qui durera deux jours, accompagné par le débarquement des soldats le 7 août 1907. La vieille mosquée et le mausolée Sidi Allal Qarouani qui se trouvent intra-muros sont pris pour cible. Les Casablancais sont tués par milliers. Les cadavres seront ensuite enterrés dans des fosses communes. S'en suit une occupation militaire de la ville et de ses alentours. Cette occupation avant l'heure de la ville la plus moderne du Maroc, était dictée par un faux prétexte : deux Français avaient été tués dans une bagarre qui les avait opposé à des Marocains. Ces derniers ont commis l'« erreur» impardonnable d'édifier un barrage de pierres sur la voie de chemin de fer qui traverse un cimetière musulman, non loin de l'actuelle gare Casa-Port. Les forces coloniales ont ainsi répondu au «massacre de Casablanca» par le vrai massacre d'environ 2 000 Casablancais avant d'attaquer les plaines avoisinantes. Quatre cent quarante ans après la destruction d'Anfa par la flotte portugaise, ce nouveau bombardement causera la destruction de la ville mais il marquera aussi le début d'une prodigieuse métamorphose pour le petit port de Dar El Beida qui deviendra le poumon économique du royaume chérifien.