Pendant le mois béni, tous les commerces ne bénéficient pas des mêmes retombées financières. La baisse du chiffre d'affaires, de certains, contraste avec la floraison des activités pour d'autres. Incursion dans le circuit commercial, en plein Ramadan. Hormis les vendeurs de livres religieux, les commerçants de dattes, de chapelets et d'autres objets religieux profitent du Ramadan pour gonfler leur budget. L'horloge affiche 16h30. Les allées de l'Avenue des Forces Armées Royales à Casablanca grouillent de monde. Les stations de bus sont prises d'assaut par une foule nombreuse désireuse de ne point rater l'heure du ftour. A quelques mètres de là, l'Avenue Hassan II. Ici l'ambiance est plus calme. De nombreuses personnes, surtout des touristes contemplent les nombreux objets qui meublent les étals des marchands ambulants. Plusieurs cafétérias et restaurants qui avaient baissé leurs rideaux durant la journée, ouvrent leurs portails et installent les chaises. Restaurants vides Fouad habillé en débardeur noir et en jean s'affaire aux préparatifs du ftour dans son snack. Il compte profiter du reste de la journée pour améliorer la trésorerie qui est en chute libre depuis le début du Ramadan. « Durant le Ramadan, je constate une réduction drastique des clients. Avant on comptait pas moins de 100 clients par jour mais depuis le début du jeûne, le snack accueille environ 30 personnes quotidiennement. On constate aussi des répercutions dans le chiffre d'affaires. Pendant le Ramadan les revenus journaliers plafonnent à 200 dirhams tandis qu'en temps normal ils peuvent atteindre même 2000 dirhams », nous confie-t-il, tout en rires. A quelques mètres du snack, une pizzeria. Les tables ne trouvent pas d'occupants. Omar l'un des gérants, en chômage technique, en profite pour suivre le match Maroc-Espagne comptant pour la troisième journée du tournoi de football des Jeux olympiques. Il accepte de nous accorder quelques secondes. « Nous vivons la même situation à chaque Ramadan. Les clients diminuent et notre chiffre d'affaires fléchit. On pouvait avoir jusqu'à 10 000 dirhams par jour mais aujourd'hui nos recettes journalières ne dépassent pas 4 000 dirhams. Pour changer la donne, nous avons décidé de proposer des menus spéciaux pour le Ramadan. », révèle-t-il. Le malheur des uns constitue un lot de bonheur pour les autres, a-t-on coutume de dire. Le Ramadan est un bon indicateur. Si certains commerçants constatent un fléchissement de leurs chiffres d'affaires et de la clientèle, d'autres s'en frottent les mains et souhaiteraient volontiers que cela perdure. Khadija Basri double-gérante de la Librairie de France ne nous démentira pas. « D'habitude les livres religieux se vendent tout le temps. Il y a toujours une bibliothèque à remplir. Mais les achats sont plus nombreux durant le mois de Ramadan. Ils viennent pour acheter des ouvrages qui enseignent la pratique de la religion. Les Corans sont d'ailleurs, les plus prisés par les clients.Franchement on s'en frotte les mains. En temps normal, ces livres représentent 30 à 40% de nos ventes. Actuellement 50% de nos recettes proviennent de la vente des livres religieux. »,constate-t-elle. En effet, il est de notoriété publique que la majeure partie des musulmans s'interesse, durant le ramadan, aux livres saints pour améliorer leurs connaissances religieuses. Du Saint Coran aux ouvrages de jurisprudence (Fiqh) en passant par les livres de traduction de versets (tafsiir), les livres qui renseignent sur les prières à effecturer durant le Ramadan, d'invocations, de Sira (histoire du Prophète) , etc. Vente à minima D'après certains commerçants interrogés, cette tendance est à la baisse à cause de plusieurs facteurs. Selon Oussama, un bouquiniste installé sur le Boulevard Mohammed V, « Les années précédentes les gens prenaient d'assaut les kiosques pour acheter ces livres. Mais actuellement, la tendance est à la baisse. Seul un nombre minime s'intéresse à ces ouvrages durant le mois béni ». Pour Mehdi un marchand de journaux sur l'Avenue des FAR, « Les clients viennent au compte-gouttes pour se procurer les livres religieux. La plupart du temps ils achètent les magazines ou les journaux d'informations ». Madame Selma, responsable d'une librairie confirme leurs propos. « On enregistrait de nombreuses ventes d'ouvrages religieux durant le Ramadan souvent même en dehors du Maroc. Mais de nos jours avec la crise économique qui sévit en Europe, les exportations ont connu une baisse et nos bénéfices ont chuté », remarque-t-elle. Hormis les vendeurs de livres religieux, les commerçants de dattes, de chapelets et d'autres objets religieux profitent du Ramadan pour gonfler leur budget. Autant profiter du mois béni pour écouler une marchandise qui peine souvent à trouver preneur. * Tweet * * *