Le parti islamiste a achevé son 9ème congrès à Tunis lundi. Ennahda a réitéré sa volonté d'embrasser le vent de modernité qui souffle sur la Tunisie mais pas à n'importe quel prix. Le président du congrès d'Ennahda Abdellatif Mekki annonçant la réélection de Rached Ghannouchi à la tête du parti islamiste lundi à Tunis. Le congrès des islamistes au pouvoir en Tunisie s'est achevé lundi soir par l'adoption de leur programme politique présenté comme modéré mais qui a néanmoins décidé de prôner la criminalisation de l'atteinte au sacré. Sans surprise, le millier de délégués réunis pendant cinq jours au Kram dans la banlieue nord de Tunis, ont réélu avec 72,58% des voix, leur chef historique, Rached Ghannouchi, à la tête du parti Ennahda. Lisant la déclaration finale, le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a déclaré que les délégués avaient adopté dans une motion et donc dans leur programme politique la nécessité de « criminaliser l'atteinte au sacré ». Il n'a pas donné plus de précisions à ce sujet et les textes des motions adoptées par Ennahda n'ont pas été publiés dans l'immédiat. Un risque « d'islamisation de la Tunisie » L'atteinte au sacré est un sujet sensible en Tunisie depuis que la mouvance salafiste à déclenché une vague de violences il y a quelques semaines pour dénoncer une exposition d'art à La Marsa (banlieue nord de Tunis) dont certaines œuvres ont été jugées offensantes pour l'islam. Ces troubles, les plus graves depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, avaient entraîné un couvre-feu dans plusieurs régions. Le parti islamiste tunisien a, par ailleurs, adopté pour principe « d'établir un Etat civil inspiré par les valeurs musulmanes et les acquis humains et à soutenir la société civile, à développer ses capacités et son rôle ». Le leader historique d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a réitéré son engagement envers la construction d'un consensus national fondé sur la modération. « Nous rêvons d'une merveilleuse rencontre entre l'islam modéré et les acquis de la réforme et de la modernité », a-t-il déclaré avant d'ajouter que le projet de son parti est un projet de civilisation qui peut réunir tous les Tunisiens. L'opposition parlementaire n'a pas caché ses craintes quant aux visées hégémoniques du parti islamiste, évoquant « une islamisation rampante du pays ». Ennahda est notamment accusé de manquer de fermeté face aux salafistes. Deux formations de centre-gauche alliées aux islamistes estiment que ce parti a intégré les principes républicains, d'autant qu'il a renoncé à faire inscrire explicitement la charia dans la Constitution en cours d'élaboration. * Tweet * * *