La hausse du SMAG qui devait être augmenté de 5 % à compter du 1er juillet 2012 pour passer à 63,39 dirhams par jour est-elle véritablement effective ? L'économiste Najib Akesbi en doute au point que, pour lui, cette revalorisation n'est qu'un non-événement. Pour Akesbi, cette catégorie socio-professionnelle laissée à son sort triste est la plus exploitée et la moins rémunérée. Ô Benkirane qu'as-tu fait pour la main-d'œuvre agricole ? S'il est un chantier où l'exploitation de l'être humain atteint son paroxysme, c'est bel et bien celui de la rémunération des ouvriers agricoles, hommes et femmes. Le salaire minimum agricole garanti (SMAG) devait être augmenté de 5 % à compter du 1er juillet 2012 pour passer à 63,39 dirhams par jour au lieu de 60,63Dh/j (voir encadré). Une mesure qui devrait normalement profiter à plus de 1 million de travailleurs agricoles. Une hausse non effective Qu'en-est il dans la réalité? « Cette hausse, encore faut-il qu'elle soit effective sur le terrain est un non-événement », estime l'économiste Najib Akesbi. Et d'ajouter que « cette revalorisation n'est que théorique pour ne pas dire virtuelle ». À ses yeux, elle ne concerne en fait qu'une minorité de travailleurs, puisque c'est la loi du marché qui dicte ses règles. En termes plus simples, le non-respect du SMAG légalement imposé par le législateur. Il faut dire que ce revenu minima, en dessous duquel personne ne devrait être payé, diffère suivant les saisons, les productions, voire même les régions. Il est des périodes de l'année où ce SMAG est respecté, avoue l'économiste, mais ce ne sont pas des cas à répétition. À son avis, la moyenne tourne aux alentours de 40 à 50 dirhams. Le pire c'est que ce non respect de la loi s'effectue sous l'œil des autorités compétentes. Que fait alors Monsieur contrôle? Akesbi soutient que le contrôle reste très limité pour ne toucher que des cas isolés. La corruption est tellement répandue, dénonce-t-il, que très peu d'agriculteurs se conforment aux obligations réglementaires. « La collusion tacite » pénalise tout projet de réforme. Ces travailleurs misérables Le militant de gauche, qu'il est, rejoint implicitement ou explicitement la conception de Karl Marx : « Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation ». Cette exploitation se manifeste clairement en l'absence de toute protection sociale. Pour Akesbi, cette catégorie socio-professionnelle est la plus exploitée et la moins rémunérée. « Pas de contrat de travail, pas d'allocations familiales, pas de retraites… ça nous rappelle les conditions de vie que nous a contés Emile Zola », fulmine-t-il. Ce travailleur misérable qui vend sa force de travail est laissé à son triste sort. Même dans le cas de pires conditions climatiques, comme ce fut le cas pour cette année, ayant vu la perte de plus de 158 000 postes d'emplois dans ce secteur au terme du premier trimestre et où la campagne agricole a enregistré des récoltes céréalières en dessous de la moyenne (50 millions d'hectares). Même le SMAG censé être une garantie contre l'exploitation reste inférieur au revenu minimum pour subvenir à ses besoins de subsistance et boucler son budget. Ne parlant pas du strict minimum pour se faire soigner ou se déplacer. Le plus grave dans tout cela et dont pratiquement personne ne parle est l'exploitation sexuelle des ouvrières. Là c'est une autre question. Délai de grâce Par ailleurs, la revalorisation du SMAG déplaît à ses détracteurs sous prétexte qu'elle est néfaste pour l'emploi. D'autant plus que la «défiscalisation» de l'agriculture prévue pour 2014 ne sert en rien les atouts compétitifs des agriculteurs. Rien n'est encore sûr, et les lobbies mettent déjà le pressing pour prolonger le délai de grâce pour l'impôt sur le revenu agricole. À noter enfin que l'augmentation du salaire minimum légal de 15 % dans le secteur agricole et forestier s'est opérée sur deux phases. La première à hauteur de 10 % remonte au 1er juillet 2011. A compter de cette date, le salaire est passé à 60,63 DH/j au lieu de 55,12 DH/j. * Tweet * * *