Suite à la décision gouvernementale récente d'augmenter le prix des carburants, la Coalition des instances syndicales représentant le secteur du transport routier du Maroc a organisé une marche, hier à Casablanca, afin de protester contre cette nouvelle hausse. [taxis] Les taxidrivers se sont donné rendez-vous à Derb Soltane pour leur exprimer grogne face à la récente hausse des prix des carburants. Hier, vers 10 heures, à Derb Soltane, une cinquantaine de taxis rouges faisaient la queue. Ils n'étaient pas là pour prendre des courses mais pour brandir en chœur leurs malaises. Quelques minutes plus tard, des klaxons, de loin, se font de mieux en mieux entendre. Derrière l'affolement des policiers, un cortège de taxis blancs apparaît. Ce dernier rejoint ses collègues, rouges de colère. L'opération s'appelle « Correction », car « nous refusons l'augmentation du prix du gasoil et nous revendiquons le respect de nos droits socio-économiques mais aussi nous aspirons à l'ouverture d'un sérieux dialogue avec le gouvernement », explique un chauffeur de taxi blanc. Cette augmentation est décidément la goutte de fuel qui a débordé le réservoir... Le ras-le-bol « Nous entamons aujourd'hui une marche pacifiste et nos revendications sont claires et nettes. Nous avons supporté deux gouvernements et nous avons cru naïvement à plus de 5 conventions, non respectées, bien évidement. Les chauffeurs souffrent de la marginalisation et l'indifférence de ce nouveau gouvernement. Les permis de confiance des chauffeurs de taxis sont retirés à tort et à travers, le propriétaire du taxi décide quand bon lui semble de licencier un chauffeur et par-dessus tout, le gouvernement décide d'augmenter le prix des carburants. Nous en avons marre, c'est devenu invivable et insupportable. », s'indigne Mustapha Chaoune, secrétaire général du Syndicat marocain des professionnels du transport. Dans son communiqué, ce syndicat propose et demande au gouvernement de créer une caisse spéciale rassemblant des fonds d'aides aux carburants, rendre opérationnelle la carte professionnelle afin de pouvoir profiter des services de la CNSS et d'arrêter la confiscation irresponsable des permis de conduire qui cause la destruction des foyers. « Pour ce qui est de l'augmentation du prix du gasoil, personne ne nous a rien expliqué. On n'a pas de problème particulier avec l'augmentation mais qu'on nous explique et qu'on nous résout au moins nos problèmes ! Nous refusons de subir toutes ces pressions et par-dessus tout l'augmentation des prix du gasoil. Nous voulons des solutions sérieuses et non du rafistolage ... Sinon ça va être le goudron ! », jure Salah-Eddine Faris, membre du bureau national du Syndicat marocain des professionnels du transport et président de l'Association des œuvres sociales des professionnels du transport. Dans son communiqué le syndicat parle d'un gouvernement « froid » et « non-communicant », refusant de traiter les problèmes des professionnels des transports. Le même document évoque les revendications phares, telles que rendre opérationnel la carte professionnelle permettant aux chauffeurs de profiter des services de la CNSS, ou encore, cesser de retirer avec irresponsabilité les permis de conduire qui porte préjudice aux foyers. Comment voulez vous qu'on vive ? Qu'attendent les gens de nous ? Une épaule subit le travail mais une autre ne supporte plus toutes ces injustices. Il faut aussi contractualiser l'opération de location de l'agrément entre le propriétaire du taxi et le locataire. Dans l'une des banderoles brandies lors de cette marche, certains chauffeurs, s'opposaient à la nouvelle circulaire du ministère de la Santé. « Le ministère devra revoir sa circulaire concernant la visite pour auscultation oculaire. Nous ne sommes pas contre cette nouvelle règle mais contre son prix qui est au-dessus des moyens du chauffeur de taxi. », conclut Salah-Eddine Une infinité de problèmes « Mise à part cette augmentation insolente, nous avons des tonnes des problèmes. Il nous faudrait plus d'une semaine pour tous les énumérer », nous avoue un chauffeur de taxi avec humour. En effet, le syndicat des professionnels du transport évoque d'autres problèmes plus complexes. « Le phénomène des chauffeurs clandestins commence à s'étendre de plus en plus, le droit à l'accès au logement économique et le laxisme des autorités face à certaines bavures des compagnies touristiques et hôtelières. Mais nous avons pris l'habitude de toujours supporter cela. Ceci dit, l'augmentation du prix des carburants arrive pour obliger les gens à prendre le tramway et pour que le gouvernement se remplisse les poches. C'est fichu comme pays, il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas la barbe qui va nous sauver ! », témoigne un chauffeur de taxi blanc. * Tweet * * *