Le Festival Jazz au Chellah s'impose désormais comme un des évènements majeurs de la scène culturelle Rbatie. A l'occasion sa 17e édition, qui se tient du 13 au 17 à Rabat, Majid Bekkas, directeur artistique Maroc du festival, nous livre sa vision du festival et des rencontres entre artistes sur la scène du Chellah. Organisé par la délégation de l'Union européenne au Maroc en partenariat avec le Ministère de la Culture et la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs et en collaboration avec les Ambassades et Instituts culturels des Etats membres de l'UE et la délégation Walonnie-Bruxelles, ce festival constitue un symbole culturel majeur du partenariat euro méditerranéen. A propos du Jazz au Chellah, M. Eneko Landaburu, Ambassadeur de la délégation de l'Union européenne au Maroc a ainsi déclaré «A l'heure actuelle, la culture demeure un formidable levier dans le processus de coopération entre le Maroc et l'Union européenne». Vous êtes le directeur artistique Maroc du Festival Jazz au Chellah. Mais vous êtes surtout connu pour être «le magicien des rencontres». Comment s'opère le choix des artistes marocains ? Comment se déroule la collaboration avec Jean-Pierre Bissot, directeur artistique Europe du festival ? Pour l'élaboration des rencontres, il y a d'abord l'aspect personnel qui est pris en compte. En tant que musicien et connaisseur de la musique marocaine, j'arrive à me faire une idée des musiciens marocains qui peuvent faire une rencontre avec leurs homologues européens car ils ont des facilités à dialoguer avec eux. Le critère de la créativité est très important. Je choisis toujours des musiciens inventifs, et qui sont ouverts sur les musiques du monde. Ce sont ceux qui peuvent être facilement au contact avec les musiciens européens et qui échangent leurs musiques avant même le festival. En ce qui concerne la collaboration entre directeurs artistiques, Jean-Pierre Bissot, m'envoie d'abord les musiques pour que je les écoute. Ce n'est qu'après que je choisis les instruments qui pourront être utilisés lors de la rencontre car il faut éviter le double emploi. Au Maroc, notre richesse est principalement la musique traditionnelle car le jazz n'est pas trop développé et reste encore méconnu. C'est pourquoi nous privilégions l'aspect traditionnel. Pouvez-vous nous parler de cette 17e édition ? C'est une habitude au Chellah : on commence et on termine le festival en beauté. Mais en réalité, chaque soir réserve son lot de surprises. Les moments de rencontres sont des temps forts que le public attend impatiemment. Cette année, des habitués du festival seront présents. Il y aura d'abord Saïd Chraïbi, un maitre du oud, puis, pour la clôture, Hamid Kasri qui est aussi un habitué puisqu'il a participé deux fois au festival. Cela fait presque 10 ans qu'il forme un groupe avec Karim Ziad et c'est ce duo qui se produira en clôture. Ce sera donc une double rencontre : la première entre ces deux musiciens d'abord et la seconde entre Andy Sheppard et Jean Marie Machado. On sait que la 16e édition a mis à l'honneur la jeunesse marocaine et que Nabyla Maan et Tarik Hilal, notamment, ont remporté un vif succès. Qui sont les jeunes talents marocains qui seront présents cette année ? Cette année, il y aura Simo Baazaoui sur scène. C'est un jeune musicien marocain, talentueux qui œuvre pour apprendre toutes les formes musicales de la musique flamenca, et il est dans la bonne voie pour parvenir à ses fins. Je suis très heureux de le voir se produire sur la scène du Chellah. Yacir Rami sera aussi une découverte, c'est la première fois qu'il se produira devant le public marocain et il est très heureux de cette rencontre. Autre particularité de ce festival, c'est faire découvrir au public marocain, les musiciens marocains qui sont à l'étranger et qu'il ne connaît pas. Comment percevez-vous le festival ? Que représente-t-il pour vous ? Le festival de jazz au Chellah est comme un enfant que j'ai vu grandir et évoluer. Au départ, aux Oudayas avec seulement une centaine de places disponibles, Jazz au Chellah est ensuite devenu un festival important avec près de 6000 spectateurs pour l'édition 2011 au Chellah. Je suis très heureux du chemin qui a été parcouru et beaucoup de rencontres ont pu déboucher sur de véritables collaborations musicales et s'exporter en dehors du Maroc. En 2000, la collaboration entre le joueur de nay Rachid Zeroual et le groupe allemand Pata Masters s'est couronnée par un disque sorti en Allemagne «Pata Maroc». En 2004, sur l'esplanade des Oudayas, j'ai moi-même joué avec Joaquim Kühn et Ramon Lopez et nous formons depuis lors un trio. C'est la force et la magie des rencontres. Quand reverrons-nous Majid Bekkas sur la scène du Chellah ? C'est une question difficile pour moi. Être à la fois directeur artistique et jouer sur scène n'est pas évident. Je préfère laisser le temps et la maturité d'un projet tel que Makenba en 2010. Aujourd'hui, j'ai d'autres projets en cours mais il faut aussi laisser le temps et la place à d'autres artistes. * Tweet * * *