La théorie veut que quand le risque augmente, le rendement augmente. Avec la léthargie que connaît le marché actions, les investisseurs n'y croient plus: sur un trimestre, la prime de risque a reculé de 1,1 point au lieu d'augmenter. La prime de risque pour ce mois-ci serait en contradiction avec la théorie financière. La prime de risque étant la rémunération supplémentaire exigée par un investisseur pour la détention d'un actif au rendement incertain par rapport à un actif sans risque (souverain), s'inscrit en repli par rapport à celle calculée en décembre dernier. En effet, d'après Attijari Intermédiation la prime est passée de 9 à 7,9 % pour un placement supérieur à 5 ans à fin avril alors que l'incertitude est à son apogée. « La méfiance grandissante des investisseurs à l'égard d'un placement en bourse dans le contexte actuel, impliquant une poursuite de leur passivité et donc une reprise très peu probable d'une réelle dynamique de marché à court terme aurait dû aboutir à une prime de risque plus importante qui devrait rémunérer l'augmentation de la probabilité de non-respect des prévisions financières des sociétés cotées », estiment les analystes. Les chiffres annoncés étant la résultante d'une approche par sondage dénotent du « réalisme » qu'affichent les investisseurs. Ceux-ci semblent prendre conscience des difficultés environnementales et opérationnelles des sociétés cotées, et acceptent par conséquent de leur accorder une « décote » sur la rentabilité moyenne exigée. Par catégorie d'investisseurs, les particuliers sont les plus exigeants avec une prime de risque de 10,4 %. Ils sont suivis par les étrangers avec une prime de risque de 8 %. Viennent ensuite les institutionnels, OPCVM et banque avec une prime de 7,5 % et enfin les acteurs de références qui comptent «des personnes ayant assez de recul par rapport au marché leur permettant d'apprécier une prime de risque relativement réaliste», exigent une prime de 7,1 %. Tout est à la baisse L'approche par le sondage qui mesure la perception actuelle de ces investisseurs quant à l'excédent de rentabilité future du marché par rapport à un investissement sans risque a été retenue par Attijari Intermédiation car elle semble la plus adaptée au marché marocain. Les raisons qu'avance l'équipe de la société de bourse sont, tout d'abord, le fait qu'elle fait l'objet d'un consensus des différents acteurs. De plus, celle-ci tient compte de plusieurs aspects qualitatifs qui sont négligés par les autres méthodes. Il s'agit notamment de l'impact du contexte politique, régional et international sur l'aversion au risque des différents intervenants sur le marché, d'un marché marocain relativement limité en termes de diversification à l'international, et enfin, du manque d'opportunités de placement au niveau local. Cette méthode est donc plus réaliste que les deux autres méthodes étudiées, que sont l'approche historique, qui se base sur la rentabilité passée du Masi sur 10 ans, et l'approche prospective qui se base sur l'actualisation des bénéfices futurs des sociétés cotées. La prime de risque historique enregistre une baisse significative de 2,6 points passant de 10,6 % en décembre 2011 à 8 % à fin avril 2012. Elle s'explique par la baisse du rendement moyen annuel du marché sur 10 ans glissants de 16,7 % à 14,5 %. Celle-ci demeure néanmoins la plus élevée parmi les primes calculées. De son côté, la prime de risque prospective affiche un recul de 0,4 point passant de 6,6 % en décembre 2011 à 6,2 % à fin avril 2012. Une baisse justifiée à la fois par une révision à la baisse des prévisions de croissance des bénéfices sur la période 2011-2013, et celle du taux de croissance au-delà de 2013. En effet, nous avons retenu pour la période 2011-2013 un taux de croissance annuel moyen de 7,9 %, et au-delà de cette période un abaissement du taux de croissance à 3,7 % contre 5% initialement. * Tweet * * *