Ovationné à plusieurs reprises par son parti, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a passé son premier examen oral devant les députés. Pour lui, il n'est pas question de brûler les étapes mais d'accomplir une mission. La première séance mensuelle sur la politique générale du gouvernement a permis à Benkirane de s'arrêter sur les grandes questions du moment. Il a balayé toutes les critiques. Face aux députés, hier au Parlement, le chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane, n'a pas perdu sa confiance ni sa patience. Pour son premier examen oral imposé par la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, Benkirane a sorti la carte habituelle de son franc-parler. « Je ne veux pas vous mentir ! » « Voulez-vous que je vous mente ? Non, je ne le veux pas ! Laissez-moi rester sincère avec vous ! », lance-t-il, l'air contrarié, aux députés de l'opposition qui venaient de lui reprocher d'avoir perdu la boussole. « Je ne l'ai pas perdu ma boussole !», rassure-t-il, soulignant que sa seule hésitation, aujourd'hui, est de répondre à certaines questions qui ne méritent pas, selon lui, d'être posées. Applaudi à plusieurs reprises par les députés de son parti, Benkirane a tenu à rappeler, haut et fort, que sa mission vient à peine de démarrer et qu'elle suit son cours normale. « Nous avons reçu de chaque ministère son plan de travail et ses projets de lois. Mais la mise en œuvre de tout cela nécessite du temps », martèle-t-il, soulignant son incompréhension de la pression dont il fait l'objet. « On me demande ce que j'ai fait durant les 100 premiers jours du Gouvernement et la première décision que je vais prendre. Mais pourquoi ? », se demande Benkirane affirmant que le plus important pour lui est que sa mission soit accomplie lentement et sûrement. « Lorsque Sa Majesté le roi m'a nommé à la tête du Gouvernement, c'est pour assurer un travail sérieux et non pour me précipiter et bâcler ma mission », tient à ajouter Benkirane. Priorité : les nominations Dans ses propos, Benkirane a même tenu à faire la morale aux députés leur rappelant que le PJD a raflé la majorité des sièges au Parlement parce que « les Marocains lui ont fait confiance ». « Nous avons toujours appelé à l'approche participative, mais lorsqu'il nous arrive de constater que certains prennent d'autres directions, nous préférons émettre des réserves », indique-t-il. Et de préciser que sa priorité et préoccupation reste la loi organique relative aux nominations aux hautes fonctions de l'administration et des fonctions publiques. « On ne peux pas avancer sans cette loi et ce n'est pas le roi qui nomme. Toutes les nominations sont d'abord proposées par le ministre, selon chaque secteur, et par le chef du gouvernement avant leur validation finale », précise Benkirane. Interpellé par le député de l'USFP, Hassan Tarik, sur les nominations des gouverneurs et walis, Benkirane souligne qu'il s'agit d'une initiative du ministre de l'Intérieur. « On m'a même critiqué d'avoir approuvé la nomination de certains qui ont été opposés au PJD. Mais, je ne suis pas là pour me venger de ceux qui ont été contre nous pour une raison ou une autre et dans un contexte différent de celui-ci », souligne le chef du gouvernement, précisant que l'unique critère de sélection pour les nominations reste avant tout la notoriété des candidats. « Je cherche, à présent, des candidats pour 1 000 nominations. Aidez-moi seulement à trouver les bons candidats, compétents et responsables ! » invite-t-il les députés dont plusieurs fustigent le manque de dialogue. Insatisfaite, l'opposition a tenu à le déclarer haut et fort. Pour l'USFP, le retard qu'accuse le Gouvernement quant à la mise en place de la loi de la régionalisation pose un sérieux problème aux prochaines élections et à la gestion territoriale. Indigné, le député Usfpeiste Hassan Tarik, estime que le gouvernement est le premier à « violer la Constitution » en n'accordant aucun intérêt aux propositions de l'opposition ni à la parité. Le député istiqlalien, Abdellah Bekkali, de la majorité, souligne également de son côté le retard accusé par le gouvernement dans la mise en œuvre de la Constitution. Le député appelle le Gouvernement à mettre en place un programme clair et des délais précis pour une meilleure lisibilité de son action à venir. C'est ce que revendiquent unanimement les députés estimant qu'il est désormais temps de passer à l'acte par l'élaboration d'un agenda. * Tweet * * *