Le rideau vient de tomber sur la douzième édition du Printemps musical des Alizés à Essaouira. Retour sur un moment d'exception Une place de choix a été accordée aux jeunes talents d'ici et d'ailleurs. En prenant la porte du lion vers la tour de l'Horloge, tout juste restaurée, on est happé par des notes de musique qui s'échappent par la porte entr'ouverte. Dedans, du patio s'élève de la musique de chambre qui emplit l'espace jusque dans ses moindre recoins, dans une acoustique naturelle et tout à la fois unique et envoûtante. Sous les arcades, un piano sur lequel se succèdent des mains légères et les yeux des spectateurs, suspendus aux mouvements des artistes dans un espace où le temps ne compte plus. Nous ne sommes pas à Venise dans l'un des multiples palais des temps immémoriaux, mais dans l'une des plus anciennes cités du Maroc. Essaouira, la ville aux 7 festivals, qui a su se positionner sur la carte mondiale des événements les plus raffinés et les plus courus. 4 jours durant, des artistes hors du commun, à l'agenda surchargé ont pris la peine de faire le détour par le festival des Alizés qui a acquis ses lettres de noblesse auprès des plus grands interprètes au monde. Les pianistes Pascal Amoyel et Georges Pludermacher ou le violoniste David Grimal et son Stradivarius ont transformé le ciel de Dar Souiri en feu d'artifice exceptionnel. Une alchimie liée à la magiede la ville. La fête n'aurait pas été complète sans la part accordée aux jeunes talents d'ici et d'ailleurs. Musiciens du sectuor des Alizés, ensemble Crescendo de l'Orchestre Philarmonique ou jeunes prodiges comme Mahmoud Zakaria (véritable coup de cœur de l'auditoire) et Nour Ayadi, 26 ans à tous les deux, Khadija Berrada, Lina Tarari et Kenza Zehrouni qui forment la relève et bien entendu les deux stars du piano marocain, Rita Saher et Dina Bensaid qui assumait en parallèle la direction artistique de cette douzième édition Dina Bensaid qui a montré que l'on peut être jeune, musicienne de talent et avoir le don de rassembler des interprètes hors du commun dans une alchimie liée à la magie de la ville. Si l'écrin de Dar Souiri est en phase avec le côté intimiste de l'événement, avec tout de même 500 personnes attentives comme une seule à chaque représentation, il est étrange de voir tous les efforts de promotion des valeurs universelles auxquelles est attaché notre pays, tolérance, diversité, ouverture sur l'autre et exaltation de la beauté sous toutes ses formes, reposer, ou même peser sur les épaules d'un seul homme. André Azoulay, qui a consacré toute sa vie à faire rayonner sa ville natale et à travers elle le Maroc entier, initiateur de ces rencontres après avoir parrainé le Festival Gnaoua devenu incontournable, est l'âme de cette identité. Manque tout de même les relais, non pas au niveau humain, comme l'attestent celles et ceux qui accompagnent la ville dans son aventure, mais plutôt les relais institutionnels qui seuls peuvent pérenniser ce genre d'initiatives. Si tout le monde s'accorde sur la place de la culture dans le développement humain mais aussi économique d'un pays, l'importance du ministère de la culture tout comme des autorités locales, mais aussi de tous les institutionnels qui partagent les idéaux de justice et d'ouverture, fait qu'il est vital de les voir participer de manière substantielle à l'épopée d'Essaouira.Essaouira est une ville de rêve, qui séduit le visiteur, qui revient chercher d'une fois sur l'autre la magie perçue et qui se renouvelle à chaque fois sous une forme nouvelle. Ville au grand cœur, elle donne à ceux qui s'y rendent tout ce qu'un lieu mythique peut donner. Pour que son nom continue à servir de porte-étendard des valeurs universelles du Maroc, rendez-vous dans quelques semaines autour des Gnaouas et de leur générosité légendaire.