En marge des championnats d'Afrique d'escrime organisés à Casablanca, deux épéistes marocains, Ali Xavier, et Karim El Houari, ont relevé le défi en se qualifiant pour les JO de Londres. Xavier, à la fois escrimeur et enseignant en France, participe pour la deuxième fois aux JO et représentera le Maroc dans l'épreuve du fleuret. Le Soir échos est allé à sa rencontre. Ali Xavier face au double champion olympique Brice Guyart, lors des JO de Pékin en 2008. Quel est votre état d'esprit après votre qualification aux Jeux Olympiques de Londres. Je suis content du fait que je sois présent à Londres. Au départ je sentais beaucoup de pression, car il y avait trois athlètes proposés pour l'épreuve de fleuret, dont moi-même. Le défi était assez difficile, puisque tout les athlètes, représentant l'ensemble des pays participants à cette épreuve, s'arrachaient l'unique billet de qualification. J'ai évolué dans le tournoi en battant un Sud-africain, un Algérien, un Togolais, un Sénégalais, et un Ivoirien, pour enfin arriver à composter le précieux sésame. Quelles étaient les principales difficultés dans votre parcours ? La difficulté majeure se résume au niveau de la compétition. Tous nos concurrents ont un background notable et plusieurs participations à l'échelle internationale, dont les championnats du monde. Des participations qui font en sorte d'avoir plus d'expérience que les autres athlètes, chose qui nous manque affreusement ici en équipe nationale, pour pouvoir percer dans ce sport et avec un bon niveau. Vous participez pour la deuxième fois aux Jeux Olympiques après ceux de Pékin. Est-ce que cette année sera la bonne pour vous ? Avec toute l'expérience que j'ai acquise durant ces quatre ans, je peux dire que j'irais à Londres pour signer une belle performance. J'ai évolué durant ces années et mon classement s'est nettement amélioré. Un classement qui me permettra d'avoir un premier tour moins difficile que Pékin, où je suis tombé sur un gros morceau, Brice Guyart, double champion olympique en 2000 et 2004. Vous pratiquez en France mais vous êtes bien au courant de la situation d'escrime au Maroc. Parlez nous de ce sport qui passe inaperçu au pays. Effectivement, l'escrime au Maroc est un sport très peu connu. Le nombre de licenciés avoisine les 70 et les clubs ne dépassent pas la dizaine. Niveau compétition, c'est plutôt le vide. Mis à part la coupe du trône qui n'est pas représentatif du panel, il n y a aucune compétition nationale qui peut hausser le niveau des compétiteurs. De plus, dans chaque catégorie, il y a peu de participants, comme c'est le cas dans mon arme, où il y a 5 compétiteurs. Il y a un minimum de 150 participants dans chaque compétition en France, où je pratique, soit plus que le nombre des licenciés au Maroc. Qu'est-ce-qui manque, selon vous, pour un vrai décollage de ce sport au Maroc ? La formation et les ressources financières nécessaires. En premier temps, il faut avoir des enseignants compétents des structures adaptées à la pratique de l'escrime pour former des athlètes. On a commencé à travailler dans ce sens, en créant une compétition inter-école, et je peux vous dire qu'on a maintenant des petits escrimeurs passionnés. Donc, c'est le début d'un travail avec la nouvelle fédération qui s'annonce de bon augure pour le Maroc. En ce qui est du financement, le budget alloué par le ministère est plutôt dérisoire, puisqu'on tourne autour de 60 000 euros. Une petite comparaison avec Egypte et la Tunisie, premier et deuxième du classement africain, illustre mes propos. Les deux pays ont respectivement un budget de 3 millions et 1 700 000 d'euros, en plus des coachs étrangers de haut niveau, ce qui explique largement leurs rangs actuellement. Au Maroc nous avons des gens qui ont un diplôme d'encadrant, une formation d'initiation à l'escrime, et c'est tout. Vous serez accompagné d'un autre escrimeur, Karim El Houari, que vous côtoyez régulièrement en France. Parlez-nous de ce jeune athlète qui participera pour la première fois aux JO. Effectivement, c'est un jeune escrimeur de 18 ans formé en France, et on a la chance d'avoir un représentant à l'épée de son talent. Il a un potentiel extraordinaire pour l'avenir, et fait partie de la nouvelle génération qui compte trois jeunes autres escrimeurs. C'est la première fois qu'il joue pour l'équipe nationale, et il a confirmé le bien qu'on disait de lui. On a pu voir ses qualités durant la compétition, et on attend beaucoup de chose de lui, car nous visons plus le long terme, notamment les JO de Rio en 2016.