A la différence de la note de conjoncture de Bank-Al-Maghrib mesurant le moral des patrons, et dont les conclusions tablent sur un optimisme relativisé mais de mise, les conclusions de l'enquête de l'Observatoire de l'entrepreneuriat de la BMCE Bank (ODE) fait ressortir des craintes allant grandissant chez les patrons des 500 entreprises sondées. La confiance des patrons au plus bas Selon les rédacteurs de cette note : « La confiance de ces dirigeants enregistre, au cours du 1er trimestre de l'année en cours, la plus forte régression depuis le lancement de l'enquête, il y a plus de trois ans ». L'indice est ressorti à 49,2/100, en repli de 12,7 points par rapport à l'observation précédente. A l'origine de cette « déprime », la note relève un climat d'attentisme déjà présent avant même l'élection du gouvernement actuel, le 25 novembre 2011, qui ne cesse de se nourrir de la conjoncture actuelle. Ainsi, à la tête des facteurs plombant le moral de nos patrons, il y a lieu de souligner la persistance de la crise dans la zone euro qui porte un coup non indéniable à la demande adressée au royaume. A cette situation s'ajoute le retard accusé par la présentation du projet de loi de Finances 2012, conjugué à la flambée des cours du pétrole. Auxquels cas s'ajoutent les réserves émises sur la durée d'exécution et le contenu du projet de ladite loi, les divergences d'avis sur la croissance du PIB en 2012, ainsi que de la diminution du cumul pluviométrique. En raison de cet ensemble « d'aléas», l'érosion du taux de « haute confiance » chez les dirigeants marocains se poursuit toujours. Toutefois, persuadés du rôle salvateur de la demande intérieure et confortés par le maintien par Moody's de la note du royaume, les dirigeants interrogés s'attendent toutefois à une certaine reprise économique pour le prochain semestre. Ce pressentiment, certes de bon aloi, demeure plus mesuré et moins euphorique que celui initialement exprimé pour le prochain trimestre. Le solde d'opinion positif, ainsi dégagé, concernant les 6 mois à venir s'élève à 10 %. Par ailleurs, rapportée à l'échelle microéconomique « l'enquête relève qu'en dépit d'une conjoncture économique peu encourageante, les entreprises de l'échantillon accordent davantage de crédit à leurs secteurs d'activité, mais avec moins d'enthousiasme que par le passé ». L'indice y afférent (48,3/100) est passé sous la barre de 50 pour la première fois, atteignant son niveau le plus bas depuis 3 ans. Meilleure confiance à l'échelle micro Sur les 75 % de chefs d'entreprises qui envisagent d'investir sur les 6 prochains mois, seulement 40 % l'envisagent avec certitude. Aussi, interrogés sur leurs intentions de recrutement, les dirigeants sont très légèrement plus nombreux (55 %) à répondre positivement par rapport à trois mois plus tôt (53 %). Par branche, le climat reste cependant mieux orienté dans les mines/énergie et les équipements automobiles. L'actualité récente de ces deux activités (important plan d'investissement et performances à l'export de l'OCP, comportement favorable des ventes d'électricité, première livraison de Lodgy «made in Morocco» en Europe) abonde parfaitement dans ce sens. Tout en fondant beaucoup d'espoir sur la poursuite des grands projets nationaux et sur un renforcement de la cohérence entre les stratégies sectorielles, 46% des répondants prédisent un bilan plus favorable de leurs secteurs à l'issue du prochain semestre. Ce jugement est partagé par les opérateurs dans l'ensemble des secteurs qui attestent pratiquement tous d'un indice de confiance supérieur à 50/100. En tête de peloton, on retrouve les entreprises opérant dans le commerce (71,4/100) et le BTP (69,1/100), deux branches respectivement soutenues par la vigoureuse demande interne d'une part, et d'autre part par la mobilisation d'une enveloppe conséquente pour les investissements publics, soit 188 milliards de dirhams au titre de l'exercice 2012. Côté investissements, contrairement aux services publics – en termes d'intentions d'investissement – et aux mines/énergie – en termes d'intentions d'embauche -, le tourisme et les transports, qui traversent une sérieuse zone de turbulences (baisse des nuitées et du taux d'occupation, crise de l'armement maritime, dégâts collatéraux de l'Open Sky), sont les branches présentant les attentes les moins ambitieuses.