En plein 11e arrondissement à Paris, un quartier historiquement de gauche, le siège du PG se trouve discrètement situé au rez-de-chaussée d'un des immeubles de la rue Saint-Maur. Devant la porte d'entrée d'un siège toutefois modeste, mais dont le rouge éclatant frappe à première vue les yeux des visiteurs, une sexagénaire ne cesse de répondre aux différents coups de fil des partisans. Entre ceux souhaitant faire des dons, et les autres qui veulent simplement en savoir plus sur le programme de Mélenchon, la standardiste, bien que visiblement fatiguée, répond aimablement aux différents appels téléphoniques. « On reçoit régulièrement des dons. Cette fois-ci, on sent les gens vraiment intéressés par la campagne, car ils en ont marre de Sarkozy », assène-t-elle vivement. En face de l'accueil, des militants sont scotchés à leurs ordinateurs, collectant les différentes promesses de dons. Affiches et tracts sont collés un peu partout sur les murs de l'appartement, sur lesquels on peut y lire les différents slogans du Front de gauche, dont le plus connu est « le pouvoir au peuple ». Mélenchon fait pression sur Hollande Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est aujourd'hui au coude-à-coude avec Marine Le Pen du Front national pour la troisième place, selon les derniers sondages. Avoisinant les 15 % d'intention de vote au premier tour, le Front de gauche, une alliance électorale constituée du parti de gauche et du parti communiste, souhaite ainsi faire pression sur le socialiste François Hollande pour exécuter une « véritable politique de gauche », comme nous l'admet une militante. « C'est sûr que nous n'allons pas remporter les présidentielles. Mais si nous arrivons troisième, nous aurons assez de poids pour nous rendre indispensables à François Hollande », ajoute-elle. Car tsi l'écart demeure serré entre les deux favoris au premier tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande, les récents sondages donnent François Hollande en tête au second tour, avec pas moins de 53 % d'intention de vote. « Il ne faut tout de même pas crier victoire. Cela dépendra aussi du taux d'abstention, plus il est élevé, plus ce sera favorable à Marine Le Pen », déclare, inquiète, la militante, se souvenant certainement du traumatisme de 2002, lorsque le taux d'abstention avait dépassé la barre des 30 % au premier tour, propulsant Jean-Marie Le Pen au second tour face à Jacques Chirac. Le PG déçu par le PPS Dans une salle au bout du couloir, se trouve le bureau de Jean-Luc Mélenchon. Un bureau en forme ovale y est installé, autour duquel plusieurs sièges sont mis côte-à-côte. Derrière le bureau se trouvent deux drapeaux, un de la France, l'autre de l'Union européenne, tout près on aperçoit une photo de Jean Jaurés, icône historique de la gauche française. Sur un autre mur on peut voir une vieille photographie touristique de Tanger, terre natale du candidat du Front de gauche. « C'est moi qui lui ai offerte, vu que je me déplace souvent au Maroc », nous déclare fièrement Alain Billon, responsable du pôle Maghreb-Machrek du Front de gauche. Ce dernier a de fortes attaches avec la gauche marocaine, et il ne s'en cache pas. « J'ai récemment été invité au Congrès du PADS », déclare-t-il, avant de continuer : « je connais toute la gauche marocaine, de l'USFP à Annahj addimocrati. Mais le parti qui ressemble le plus au Parti de Gauche est sans-nul doute le Parti socialiste unifié ». En parlant de la situation politique au Maroc, Alain Billon regrette que ses partis « amis » aient choisi de boycotter les dernières élections. « Un parti sans sièges est un parti absent », déclare-t-il, non sans amertume, souhaitant vivement les voir participer aux prochains scrutins locaux. D'autre part, Alain Billon déplore la position du PPS, qui est le seul parti se réclamant de gauche au gouvernement. « J'ai récemment été reçu par un ami de longue date, il s'agit de Moulay Ismaïl Alaoui, qui poursuivait ses études avec moi. J'ai rencontré Nabil Benabdallah lors de la cérémonie, il a bien sûr essayé de défendre sa position et il m'a donc raconté sa salade. C'était simplement pitoyable », dit-il avec regret. À la question, quelle est votre position concernant l'affaire du Sahara ? Visiblement gêné, Billon commence par déplorer la « situation des droits de l'Homme au Sahara », avant de nuancer « Il est clair que l'autre partie, la RADS (République arabe démocratique et socialiste), n'a de démocratique que le nom ». « Notre position diffère quelque peu de celle de nos camarades communistes. À titre personnel, je pense que le Maghreb n'a pas besoin d'un sixième pays », conclut-il.