Certains l'ont qualifié de « boîte noire », d'autres d' « administration opaque ». Les députés n'ont pas ménagé le Secrétariat général du gouvernement (SGG), à l'occasion de l'examen de son budget au titre de la loi de finances 2012 par la Commission de justice, de législation et des droits de l'homme. Majorité comme opposition, les députés ont été unanimes à critiquer une ambiguïté qui plane au dessus du SGG l'empêchant d'être, selon eux, un véritable interlocuteur sur des cibles précises. « Est-ce que le SGG est un cabinet politique étendu ou une administration qui gère les affaires de la primature? », s'interroge Cherkaoui Roudani, député du PAM soulignant que la séparation des pouvoirs qu'instaure la nouvelle Constitution impose une clarification du statut du SGG. « Il faut que l'on sache si c'est une force de proposition ou une administration au carrefour des autres, si ses décisions sont politiques ou administratives », affirme encore ce député de l'opposition. « Un réfrigérateur de projets de lois » En plus d'un statut qui n'est toujours pas assimilé par les parlementaires, ces derniers estiment aussi que le SGG ne remplit pas son rôle comme il se doit. Ils lui donnent l'image d'un simple réfrigérateur où des projets de lois subissent un gel total. Et des exemples, les députés en ont plusieurs. Abdelwahed El Ansari du PI a rappelé, ainsi, la non publication de la loi interdisant de fumer dans les lieux publics sur le Bulletin officiel. « La loi existe mais pas encore dans le BO et nous nous demandons quelle en est la raison », déclare-t-il appelant le SGG à ne plus tarder à publier les décrets d'application. « Il faut que cela soit parallèle aux lois qui sont approuvées. Pourquoi ne pas décider de délais précis, d'un maximum d'un mois ? », propose Abdelwahed El Ansari. La non publication de lois sur le BO laisse perplexe les députés qui confient leur incompréhension d'une telle situation. « Beaucoup de lois ont été validées par le parlement, mais sans jamais être publiées au BO. S'il n'est pas question d'une révision royale, il n'y a pas de raison que cette publication tarde autant d'années », estime Cherkaoui Roudani. Pour la militante féministe du PPS, Rachida Tahiri, c'est aussi la rapidité d'examen des projets de loi qui pose problème au SGG. « Des projets de lois stagnent comme celui de la violence contre les femmes. Nous attendons toujours qu'il voit le jour », affirme-t-elle. Et de préciser l'importance conférée par la constitution aux femmes à travers la reconnaissance de la parité. Des remarques, les députés en ont fait, par ailleurs, sur la nécessité d'un lifting d'urgence du SGG qu'ils jugent archaïque. « Il vous faut un oxygène démocratique !», lance le président du groupe parlementaire du PAM Abdellatif Ouahbi. Dahak se montre patient Calme et confiant, le secrétaire général du gouvernement, Driss Dahak, a affronté les critiques des députés avec une grande ouverture d'esprit et un brin d'humour. « Si l'oxygène se vendait quelque part, nous irions l'acheter sans hésiter », répond Dahak au député du PAM. Pour le secrétaire général, les remarques ne prennent pas en compte la difficulté de la mission du SGG. « Nous ne gardons pas les projets de lois, nous les examinons en coordination avec l'ensemble des parties concernées. Nous les retournons au ministère qui nous l'a soumis et parfois nous n'avons pas de suite. Alors nous devons rappeler ce ministère et prendre en considération ses amendements », explique le secrétaire général du gouvernement. Ce travail de coordination devient ainsi une souffrance au sein du SGG, comme a tenu à le souligner Driss Dahak, insistant sur le rythme effréné que son département doit suivre pour préparer les conseils de gouvernement. Quant au lifting du SGG, Driss Dahak estime qu'il ne s'agit pas d'une priorité. Pour lui, ce n'est pas l'âge d'un magistrat qui détermine sa compétence mais plutôt son expérience. « Il est normal de commettre des erreurs, c'est en salissant nos souliers que nous marchons », lance-t-il avec son langage soutenu habituel. « Je ne suis pas contre la régénération mais chaque chose son temps », estime-t-il. Pour lui, le SGG doit surtout se doter de moyens pour assurer un contrôle qui lui échappe toujours. « Nous n'avons pas le pouvoir de contrôler les professions libres ou pas libres. Nous en avons parlé au ministère de l'Intérieur lors des trois dernières législatures, mais nous ne sommes pas encore arrivés à résoudre ce problème », reconnaît Driss Dahak. A cela s'ajoute le manque de moyens financiers. Le budget alloué au SGG, cette année, est d'à peine 20 millions de dirhams. « Nous sommes dans l'ère législative par excellence. Le SGG aura du mal à accomplir sa mission », craint Chekaoui Roudani.