Le grand rendez-vous d'affaires, réunissant quelque 450 chefs d'entreprises marocains et français à l'initiative de la CGEM et du MEDEF, tenu dans un contexte d'incertitude économique et de crise mondiale peu commune, a pour objectif de baliser le chemin vers de nouveaux partenariats et alliances stratégiques créant ainsi une « force de conquête de marchés tiers, à l'exemple de l'Afrique, du Maghreb, du Golfe et pourquoi pas d'autres marchés internationaux », pour reprendre les propres termes de Mohamed Horani, président de la CGEM. Une alliance que les Français semblent prêts à développer davantage, bien que « l'implantation des entreprises françaises sur le marché marocain est contestée » par une partie des français eux-mêmes, comme l'a souligné Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, et co-président du club de chefs d'entreprises France-Maroc. Les choses sérieuses commencent L'heure est à la compétitivité des alliés. La compétitivité de l'économie et des entreprises est un discours un peu dépassé dans le jargon des relations économiques internationales. Cet événement a été organisé pour passer aux choses sérieuses et des groupes de travail mixtes ont été constitués pour couvrir les principaux secteurs (off-shoring, tourisme, aéronautique, automobile, transport, énergie et infrastructures, agriculture et agro-industries, logistique, partenariats public-privé, ressources humaines incluant formation et aspects sociaux…), en vue d'identifier leurs attentes. Tourisme et partenariat public-privé dominent En effet, des ateliers sectoriels, prévoyant des rencontres BtoB entre les chefs d'entreprises des deux pays partenaires, ont débuté hier matin. Le tourisme et le partenariat public-privé ont quasiment ou presque dominé les débats de la séance plénière. A commencer par le tourisme où les inquiétudes se font sentir avec acuité. Surtout que le gouvernement islamiste au pouvoir se veut très sceptique sur le volet tourisme sexuel. « Ce qui m'importe, c'est l'application de la loi et rien que la loi », certifie Benkirane. On comprend parfaitement que le message que laisse véhiculer le patron Pjédiste est que toute conciliation sur sujet est intolérable. Sur le chapitre du partenariat public-privé, Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, affirme que le projet de loi est entre les mains du secrétariat général du gouvernement pour une adoption imminente. Ce projet a bénéficié du soutien de la BEI et de l'accompagnement juridique de la banque mondiale. Ce grand dossier du partenariat public-privé renvoie vers la transparence dans la passation des marchés publics et la préférence nationale. S'agissant du premier point, Benkirane promet des sanctions sévères aux contrevenants. « Le temps de s'enrichir sur le dos de l'administration est révolu », martèle Benkirane. A ceux qui ne sont pas satisfaits de leur situation salariale, il recommande de céder la place aux fonctionnaires citoyens. Pour ce qui est de la préférence nationale, Aziz Rebbah, d'ailleurs ministre précurseur en la matière, a d'ores et déjà fixé le seuil à 15 %. Il se contente « d'imiter les pays partenaires ». Cette grand-messe, placée sous le thème : « investissement et croissance : les perspectives pour le Maroc en 2012 », était aussi l'occasion de revenir sur la situation de l'économie nationale. Opportunités d'investissement Baraka a enfin reconnu que le taux de croissance pour l'année en cours devrait tourner autour des 3% de moyenne annuelle. A ses yeux, cette perte de vitesse ne devrait pas en revanche nous faire oublier le fait que l'Etat a réservé la coquette somme de 188 milliards de dirhams pour l'investissement public. Voilà ce qui explique l'affluence massive des entrepreneurs français, avides d'opportunités d'investissements. Le mariage d'amour établi il y a plus d'un siècle continue sur sa lancée. Et rien ne semble profiler à l'horizon pour perturber ses relations, stratégiques avant tout.