En marge du forum mondial de l'eau qui s'achèvera demain en France, 130 pays ont pris l'engagement d'accélérer la mise en œuvre du droit universel de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Ils ont, en effet, adopté un texte de cinq pages, fruit de trois années de négociations, qui met l'accent sur l'urgence que constitue l'accès à l'eau potable de nos jours. Ledit document oblige les signataires à mettre les bouchées doubles en vue de donner un coup de pouce à « la mise en œuvre des obligations en matière de droits de l'homme pour l'accès à l'eau potable et à l'assainissement pour le bien-être de tous et la santé, en particulier des plus vulnérables, et l'amélioration des eaux usées ». « L'eau est au cœur de toutes les politiques », a d'ailleurs souligné Henri de Raincourt, le ministre français de la Coopération. Reste maintenant à s'assurer de la volonté politique des acteurs impliqués pour espérer une amélioration de la situation pour les millions de populations concernées dans le monde. En Afrique et en plein XXIe siècle, l'accès à l'eau potable demeure toujours un parcours de combattant pour des millions de personnes. Selon l'UNICEF, plus de 155 millions de personnes, soit environ 40% de la population, manquaient d'eau potable en Afrique de l'Ouest et du Centre en 2010. Des atouts hydriques et pourtant « L'Afrique de l'Ouest et du centre affichent la couverture la plus faible du monde par des systèmes améliorés d'approvisionnement en eau potable », a souligné cette agence onusienne. L'Afrique est le continent où l'accès à une eau de qualité est le plus limité, selon le quatrième rapport de l'Onu sur l'eau. Un paradoxe lorsqu'on sait que le continent africain compte dix-sept grands fleuves et une centaine de grands lacs, auxquels vient s'ajouter une importante quantité de nappes phréatiques. Le Golfe de Guinée, par exemple, détient 24% du potentiel hydrique du continent. Et pourtant, la population vivant dans cette région reste encore confrontée à la pénurie d'eau potable. La République démocratique du Congo, quant à elle, détient 23% des ressources en matière d'eau du continent. De même, selon les experts, les précipitations annuelles en Afrique totalisent 20 300 km3 environ, un atout donc. Mais la situation demeure inchangée, malgré les efforts consentis. En Afrique subsaharienne, de façon générale, environ 300 millions de personnes souffrent de cette pénurie d'eau potable (soit plus du tiers de la population du continent), et un habitant sur deux souffre de maladies résultant de la mauvaise qualité de l'eau. De l'avis des experts, cette situation peut s'expliquer par l'importante croissance démographique que connaît le continent depuis quelques années, et l'inégale répartition géographique des ressources hydriques. « L'amélioration de la couverture en eau potable constatée dans certains pays s'est laissée distancer par la croissance démographique », affirme l'UNICEF. Dans la région, la croissance démographique pour la période 1990-2007 a été de 2,7%. Mais la fragilisation des écosystèmes, à travers une forte intensification des activités agricoles, une importante déforestation, un développement des activités industrielles et une urbanisation massive ont été des facteurs ayant contribué à ce manque d'eau dans plusieurs parties du continent. Responsabilités Mises à part les zones urbaines où l'eau potable est plus ou moins disponible et de bonne qualité, la majorité des populations rurales africaines n'ont d'autre choix que d'aller chercher l'eau à la rivière pour leurs besoins quotidiens. Une pratique qui est à l'origine de nombreuses maladies hydriques. Il est donc temps pour les gouvernements africains de faire de l'eau un enjeu stratégique pour le développement du continent. Une population qui a accès à l'eau potable ne pourrait que bien se porter pour mieux servir le développement de son pays. Il faut alors joindre les paroles aux actes pour avoir une réelle politique en matière d'accès à l'eau potable notamment en Afrique subsaharienne. Les dirigeants africains se sont engagés en 2000 à assurer un accès universel à l'eau potable dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ainsi que de leur soutien aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dont l'un des objectifs est de diminuer de moitié d'ici 2015 le nombre de personnes qui n'ont pas d'accès durable à l'eau potable et à un système d'assainissement élémentaire. Mais tout porte à croire qu'on en est encore loin.