C'est à Fès qu'a été lancée, jeudi dernier, la deuxième campagne pour vaincre l'autisme par l'Association Léa pour Samy. Le choix de la ville impériale pour le coup d'envoi de la campagne n'est pas fortuit. La ville arbitrera le premier centre de référence pour l'autisme. «Le développement de la recherche sur l'autisme s'avère une nécessité, voire une urgence. Il permettra l'élaboration de programmes éducatifs personnalisés», explique M'hammed Sajidi, président de l'Association Léa pour Samy. Le centre verra le jour à l'issue d'une convention de partenariat entre l'association et le centre hospitalier universitaire Hassan II et la faculté de Médecine de Fès. «Il sera constitué d'un Comité scientifique 100 % marocain. Une première au Maroc. Il regroupera notamment des pédiatres, neurologues et des psychiatres. Le CHU de Fès va s'engager à mettre à la disposition de ce comité les laboratoires et les outils nécessaires à leur travail», ajoute le président de l'association. Les enfants autistes sont souvent orientés vers la psychiatrie alors que la mixité avec les autres enfants est un facteur de progression. Outre le diagnostic de la maladie, le Comité scientifique se penchera également sur la recherche des signes spécifiques évocateurs de l'autisme et des troubles neurologiques qui l'accompagnent. «Ce travail de recherche permettra la mise en place de traitements multidisciplinaires, impliquant les parents, adaptés à chaque cas d'autisme. Il permettra aussi de mieux agir en cas d'évolution de la maladie», ajoute M'hammed Sajidi. La formation figure également parmi les missions du centre. Les professionnels de la santé et les éducateurs, intervenant dans ce domaine, bénéficieront de formations pour améliorer la prise en charge des enfants autistes. Le président de l'Association Léa pour Samy a tenu à rappeler que le projet de partenariat entre l'association et le ministère de la Santé est sur les rails. «Après la publication de notre étude sur l'autisme au Maroc, le ministère nous a convoqué pour une réunion en juillet 2009. Suite à cette rencontre, un comité mixte a été constitué pour préparer le texte d'une convention portant sur la formation des professionnels de la santé pour mieux dépister l'autisme», rappelle M'hammed Sajid. Et d'indiquer que la convention est toujours en cours d'élaboration. Autre nouveauté de cette deuxième campagne contre l'autisme, la mise en place de programmes, d'enseignement supérieur et de formations, destinés aux professionnels et aux intervenants du domaine. «Une mission qui relève de la faculté de Médecine de Fès. On espère aboutir à la création d'un diplôme universitaire destiné aux professionnels, sachant que le manque de formation des acteurs est criant», déplore M'hammed Sajidi. Et d'ajouter : «Du temps où Habib El Malki était à l'Education nationale, on était sur le point d'établir une convention pour la qualification des éducateurs des enfants autistes. Ce projet a été avorté vu qu'il a coïncidé avec le changement du gouvernement. On a contacté, maintes fois, le ministre de l'Education et la secrétaire d'Etat chargée de l'enseignement pour relancer le projet mais en vain», affirme-t-il avec amertume. Durant sa campagne, l'Association Léa pour Samy communiquera également sur un nouveau concept d'éducation des enfants autistes. Baptisé FuturoSchool, il consiste à créer des classes basées sur l'approche A.B.A (Analyse Appliquée du Comportement) en milieu scolaire ordinaire. «Les enfants autistes sont souvent orientés vers la psychiatrie alors que la mixité avec les autres enfants est un facteur de progression. FuturoSchool vise la mise en place de programmes individualisés permettant à l'enfant de s'adapter à l'environnement dans lequel il évolue», explique le président de l'Association Léa pour Samy. Cette dernière a pu développer un réseau de classes dédiées à travers des partenariats avec plusieurs délégations de l'Education nationale. Notons que chaque classe «FuturoSchool» accueille 6 enfants et fonctionne avec 1 enseignant spécialisé et 5 intervenants, soit un rapport d'un adulte pour un enfant. Une évaluation est réalisée tous les ans mais les programmes sont remis à jour tous les 3 mois en fonction du développement de l'enfant.Sentis lésés dans leur droit «légitime», ces 1.700 enseignants chercheurs revendiquent leur «droit au grade de professeur de l'enseignement supérieur et la préservation de l'intégrité de l'ancienneté acquise depuis leur recrutement». Programme Une cause, des actions Le programme de la campagne prévoit également «Les rencontres de l'Espoir». Il s'agit de réunions organisées entre parents afin d'échanger des expériences. «Ces rencontres partent de l'idée que les parents restent les mieux placés pour témoigner de la vie d'un enfant autiste. Leurs expériences leur permettent d'être des «professionnels» qui peuvent donner des astuces pour la gestion des problèmes quotidiens», indique M'hammed Sajidi. Ce père d'un enfant autiste a pu accumuler, lui aussi, une expérience dans la façon de se comporter avec son fils. Il a ajouté que les professionnels agissant en matière d'autisme, prendront également part à ces rencontres. Ces dernières vont se dérouler tout au long de la période de la campagne qui s'étalera jusqu'au 7 avril prochain. En parallèle de ces rencontres, l'association mènera plusieurs actions de communication et de sensibilisation à cette maladie. Outre la diffusion de l'information à travers les médias, Léa pour Samy va effectuer des tournées et des sorties pour sensibiliser le grand public. Objectif : Communiquer encore plus sur une maladie qui reste peu connue et parfois mal connue par la majorité des personnes.