La rentrée musicale est à l'image des convulsions révolutionnaires arabes : surprenante. Revoilà réunis pour l'amour du son chaâbi algérien, une quarantaine de musiciens originaires d'Alger la blanche, sous l'impulsion de Safinez Bousbia, architecte, qui a signé le film documentaire El Gusto . Sortie en janvier, en France, cette aventure cinématographique, et humaine, qui rassemble 27 musiciens sous forme d'interviews et d'images d'archives, a déjà rempli le palais omnisports de Bercy, à Paris. La jeune documentariste a retrouvé les interprètes arabes, berbères et pieds-noirs, dignes héritiers des populaires chansons algéroises, datant d'avant-guerre. une belle leçon de musique et d'humanité Né dans les années 30, le chaâbi signe l'efflorescence, de sons arabo-andalous, qui naissent au cœur de la Casbah d'Alger, grâce à Mohamed El Anka, joueur de mandole. On chante alors un chanté-vrai, comme on parle. Cette musique contribue de plus au rayonnement culturel, d'El Djazaïr, réunissant les différentes communautés de l'époque à travers les instrumentistes arabes et juifs. La réalisation de cet album, plusieurs décennies après la séparation de ces communautés depuis l'indépendance, reste une belle leçon de musique et d'humanité, précisément, au moment du cinquanenaire de l'indépendance de l'Algérie. Les 14 titres retracent les incontournables tubes de la pop algérienne, immortalisée à jamais avec Ya Rayah , de feu Dahmane El Harachi, pour l'amour et la passion du gusto, dans le jargon des musicos.