Comment êtes-vous venu à l'écriture ? J'ai commencé à écrire très tôt. Mon premier livre a été publié en 2003, « Figure de l'engagement, le militant dans la trilogie de Naguib Mahfouz ». Ensuite, je me suis toujours inscrit dans la dimension critique de la littérature à travers l'œuvre d'autres écrivains, plutôt que dans la fiction, parallèlement, à ma thèse et à la thématique des sciences humaines. J'ai le souvenir, qu'il n'y pas eu un moment où je n'ai pas écrit. Vous avez signé le scénario du long-métrage « Andalousie, mon amour », réalisé par Mohamed Nadif. Comment l'idée de ce projet est-elle née ? Le cinéma me passionne, tout comme le théâtre. J'ai d'ailleurs, traduit les pièces de Saadallah Wannous, un auteur syrien, elles n'ont pas été jouées en français. J'aime le cinéma d'Emir Kusturika, il est issu d'un espace frontalier, comme le Maroc, un espace avec des lignes de fractures. Comme Saadallah Wannous, qui a pensé le paysage du théâtre au cinéma : cet auteur est mort en 2000, il me rappelle Brecht, car il est parvenu à transcender le patrimoine arabe, son théâtre est politique. Il se serait réjoui de ce qui se passe aujourd'hui. Pour ce qui a trait, au scénario d' « Andalousie, mon amour », j'ai commencé à l'écrire, avant ma rencontre avec le comédien et cinéaste Mohamed Nadif, il ne s'agissait pas d'un travail réalisé suite à une commande. Ce sont les rapports Nord-Sud et la thématique qui s'attachent à notre période, qui m'ont interpellé. A savoir, la question de la mise en abîme et de fil en aiguille, le propos s'est dessiné : la comédie inspirée de l'arnaque, le lien que les Marocains entretiennent avec l'Andalousie, notre héritage entre le Maroc et l'Andalousie et enfin, le rapport entre les Marocains et les Espagnols, aujourd'hui. Pourquoi vous êtes-vous penché précisément sur ce sujet ? Il y a, en fait, des sujets qui se prêtent à des genres littéraires, d'autres sont plus poétiques. L'histoire d'Andalousie, mon amour, était particulièrement bien sentie pour le cinéma. Que vous a inspiré le Prix de la meilleure œuvre qui a récompensé le film, au Festival du film d'Oran en décembre dernier ? J'en étais très heureux, pour le film et pour le réalisateur, Mohamed Nadif. D'autant que ce prix a été attribué par l'Algérie, pays voisin, auquel le sujet fait également écho dans cette région. Quels liens entretenez-vous avec le Maroc ? J'y suis né. J'ai vécu entre Rabat et Fès. J'y vais très souvent : j'écris une chronique pour Médi 1, Le Soir échos, je suis la vie politique du pays. Je vis entre le Maroc et la France, je suis totalement bilingue. Il faut toujours être entre plusieurs espaces linguistiques et géographiques. Parfois, la France et le Maroc me montent à la tête… A l'heure actuelle, que pensez-vous du Printemps arabe, est-ce selon vous, le signe d'un nouvel horizon politique et la fin des autocrates vieillissants et autoritaires ? Il y a un premier aspect à retenir et j'en suis satisfait : j'ai senti que le vent de liberté qui soufflait en Egypte, nous concernait aussi, à Casablanca, on s'est sentis appartenir au même monde. Et quelque part, le fait que les Tunisiens vivaient sous une dictature, nous touchait aussi. Aujourd'hui, on peut respirer en arabe, et plus uniquement en français ou en anglais. D'autre part, le mouvement de contestation arabe s'est opéré soudainement, l'Histoire, reprend son cours, car en 2003, la chute de Saddam Hussein était l'œuvre de l'intervention américaine alors que cette fois, les choses se sont déroulé à partir de l'intérieur. Quelles sont vos attentes pour le Maroc ? Je suis dans l'attente et optimiste. C'est un pays qui fonctionne selon d'autres principes, le Printemps arabe lui a insufflé des élections législatives. De grandes questions sont encore en suspens, comme le rapport du Maroc aux autres pays de la zone MENA, le rapport du Maroc à la démocratie.