Abdessamad El Haidour a été condamnée à 3 ans ferme pour « atteinte aux sacralités », qu'en pensez-vous ? Notre organisation n'a pas encore eu tous les éléments. Ce que je sais, c'est que la sentence a été confirmée. L'OMDH va bientôt dévoiler sa position, notamment par rapport à la nouvelle constitution, mais aussi par rapport au code de la presse. Ne trouvez-vous pas la sentence sévère, pour un jeune homme de 25 ans ? Je la trouve évidemment exagérée. Maintenant, comme je vous l'avais dit précédemment, nous attendrons d'avoir tous les éléments pour pouvoir nous prononcer. Comment évaluez-vous la gestion du gouvernement concernant les différents troubles ayant récemment éclaté dans le pays ? Je pense qu'il y a un problème sérieux. L'OMDH est très inquiète. Nous attirons l'attention sur l'étendue des protestations, mais surtout sur la manière dont elles sont gérées et ce, dans toutes les villes. Que ce soit à Taza, Béni Mellal, Salé, et plus récemment dans les provinces de Tinghir, la gestion gouvernementale nous inquiète et nous alarme. Qu'est-ce qui vous inquiète en particulier ? Nous sommes d'abord inquiets par l'étendue des confrontations. Nous n'avons jamais assisté à des confrontations d'une telle envergure entre les citoyens et forces de l'ordre. Nous sommes, de même, inquiets quant aux dégradations des biens et du patrimoine, aussi bien publics que privés. Il faut faire attention à la gestion par la force de ces troubles, ce qu'il faut bien évidemment éviter. Mais il faut surtout faire attention à ne pas politiser ces troubles. Que doit faire le gouvernement ? Le gouvernement est appelé d'urgence à mettre en place un comité qui lui présentera les manières et les solutions avec lesquelles ces troubles doivent être gérés. La commission doit aussi trouver les solutions à court, moyen, et long terme. Un débat est tout aussi nécessaire. Parlez-nous de cette commission, qui doit-elle compter ? La commission doit abriter outre les responsables gouvernementaux, des élus de la région, non seulement de Taza, mais de toutes les régions ayant été atteints par les troubles. La commission doit de même être formée par d'autres acteurs, notamment ceux de la société civile. J'insiste sur le fait que cette commission doit être formée dans l'Urgence. Elle doit ensuite élaborer une déclaration très claire, ainsi que le timing de ces recommandations. Le plus important et le plus urgent est de faire impliquer le gouvernement, et très vite. Salé : démolitions de la discorde La direction territoriale, en compagnie d'autres forces publiques, avait procédé à la démolition de maisons dans le quartier périphérique « Anq jmel » à Salé. Ces démolitions ont été justifiées par le fait que ces maisons sont « illégales » et ne respectent l'interdiction « de construire dans cette localité ». Suite à ces démolitions, des affrontement ont eu lieu entre forces de l'ordre et habitants du quartier. Des blessés sont à déplorer, de part et d'autre. Les habitants avait d'abord exprimé leur désaccord vis-à-vis de ces démolitions. Ce qui a ensuite dégénéré en de violents affrontements, notamment par des jets de pierres, entre les manifestants et les forces de l'ordre. Des cas d'évanouissement sont aussi à déplorer, surtout de femmes. Une source de la direction territoriale, citée par la MAP, affirme que ce sont « les spéculateurs immobiliers » qui ont jeté de l'huile sur le feu, ajoutant que leur objectif était d'« inciter la population à continuer à construire illégalement ». Les habitants, quant à eux, se sont plaints de l'heure « exagérément » matinale à laquelle les démolitions avaient été lancées, estimant que les pouvoir publics avaient décidément l'« intention de démolir les maisons sur leurs occupants ».