Dans son rapport publié, mercredi, la Banque mondiale déplore la faiblesse des échanges commerciaux entre pays africains. Ce document intitulé, « La défragmentation de l'Afrique: approfondissement de l'intégration du commerce régional des biens et services », met en exergue les différentes entraves liées au commerce intra-africain. Selon les statistiques officielles de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, les échanges entre pays africains ne représentent que seulement 11% des échanges commerciaux effectués sur le continent contre 72% pour le commerce, entre pays européens, et 52% entre pays asiatiques. « L'Afrique perd des milliards de dollars en revenus commerciaux. Il existe des opportunités considérables d'échanges transfrontaliers de produits alimentaires, produits manufacturés de base et services qui demeurent inexploitées en Afrique », souligne le rapport. Déséquilibre Même si la croissance économique du continent noir est dans une embellie sans précédent au moment même où la croissance mondiale est en berne à cause de la crise économique, il n'en demeure pas moins que la faiblesse des échanges commerciaux entre pays africains reste un handicap majeur au développement, tant voulu, du continent. « L'Afrique est de loin plus riche que la Chine, mais elle est loin derrière ce pays en matière de développement. La raison est simple : la Chine a formé un marché avec une taille critique alors que nous en sommes encore à des entités qui ne permettent pas d'attirer les Investissements directs étrangers. Le commerce intra-africain qui ne représente que 11% est un seuil qui ne permet nullement d'envisager le développement de notre continent », déplorait aussi, il y a quelques mois, Mo Ibrahim, le patron de Celtel, leader de la téléphonie mobile en Afrique. Les échanges commerciaux entre le continent et le reste du monde sont, quant à eux, en nette augmentation, créant ainsi un vrai déséquilibre. En 2008, le volume du commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique dépassait la barre des 44 milliards de dollars. De même, les échanges commerciaux avec la Chine ont connu un accroissement sans précédent ces dernières années, faisant de Pékin l'un des plus grands partenaires commerciaux du continent africain. La Banque mondiale dénonce notamment les différentes barrières qui subsistent encore entre les pays, empêchant de facto la libre circulation des marchandises et des personnes et appelle, par la même occasion, les dirigeants africains à œuvrer à la création des vrais espaces de libre-échange régional. Faire sauter les barrières « Les entraves au libre échange sont énormes et affectent de manière disproportionnée les petits commerçants, dont la plupart sont des femmes. Il revient désormais aux dirigeants africains de joindre l'acte à la parole et de travailler ensemble pour harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain, de son milliard d'habitants et de son économie de deux mille milliards de dollars. Il est évident que l'Afrique n'a pas atteint son potentiel en ce qui concerne le commerce régional malgré ses retombées importantes, à savoir la création de marchés d'envergure, la diversification des économies, la réduction des coûts et de la pauvreté et l'amélioration de la productivité », a souligné Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Afrique. « Imaginez les avantages qu'il y aurait à permettre aux médecins, infirmières, enseignants, ingénieurs et avocats africains de pratiquer n'importe où sur le continent. Le but ultime est clair. Il faut aider les Africains à échanger des biens et services entre eux », renchérit Marcelo Giugale, le directeur du service régional de réduction de la pauvreté et de la gestion économique pour la région de l'Afrique à la Banque mondiale. Les experts de cette institution financière mondiale ont également élaboré quelques pistes de réflexions à travers des recommandations. Ils invitent les dirigeants du continent à opter pour une politique d'intégration régionale efficace, en poursuivant les réformes réglementaires et en renforçant les capacités des institutions chargées d'appliquer les réglementations.