L'Assemblée du peuple a tenu sa première séance, ce lundi, dans une ambiance mouvementée. La Chambre basse du Parlement égyptien a fait sa rentrée ce lundi, avec une séance inaugurale à l'ambiance parfois houleuse. Issue des premières élections libres de l'après-Moubarak, l'Assemblée du peuple est marquée par la forte domination des islamistes. Avec les salafistes d'Al Nour, ils contrôlent plus des deux tiers des 498 sièges. Toutefois, les Frères musulmans se sont engagés à coopérer avec l'ensemble des forces politiques. « Nous allons coopérer avec tout le monde : avec les forces politiques à l'intérieur et à l'extérieur du Parlement, avec le gouvernement intérimaire et avec le conseil militaire jusqu'à ce que nous parvenions à la sécurité avec une élection présidentielle », a promis Essam el Erian, l'un des dirigeants du Parti liberté et justice (PLJ). De leur côté, les adversaires des Frères musulmans n'hésitent pas à comparer la domination de la confrérie à celle exercée avant la révolution par le Parti national démocratique (PND) de Hosni Moubarak. Ambiance houleuse La première séance plénière a été ouverte par Mahmoud al Saka, 81 ans, membre du parti Wafd, officiant comme président provisoire en sa qualité de doyen des députés. Après avoir prié en silence, les élus ont prêté serment. Puis l'ambiance consensuelle de recueillement s'est évaporée au profit d'une certaine confusion. L'élu islamiste chargé de lire le serment des élus envers la nation et ses lois, Mamdouh Ismaïl, a ajouté sa touche personnelle, en glissant en supplément « tant que cela ne contrevient pas à la loi divine ». Des propos qui ont conduit le président à lui demander de réciter à nouveau le serment sans ajouts cette fois-ci. Saad al Katatni élu président de la Chambre Première tâche des députés, l'élection du président de l'Assemblée s'est conclue par un vote rapide. Secrétaire général du PLJ, Katatni a été élu président de la Chambre basse par 399 voix. « Nous annonçons au peuple égyptien et au monde que notre révolution continue et que nous n'arrêterons pas tant que tous les objectifs de cette révolution n'auront pas été atteints », a-t-il déclaré après son élection. Scientifique de 59 ans, Saad al-Katatni a promis d'œuvrer pour une « égypte démocratique et moderne » et pour le « respect de la liberté d'opinion ». Les députés ont ensuite élu comme vice-présidents de l'Assemblée un membre du parti salafiste Al-Nour, Achraf Thabet, et un membre du parti libéral Wafd, Mohammad Abdel Alim Daoud. Pour rappel, la principale mission de l'Assemblée du peuple est de constituer, avec la Chambre haute, une commission de 100 membres, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Les manifestations continuent Il y a un an, jour pour jour, la première grande manifestation se tenait sur la place Tahrir, pour exiger à cor et à cri le départ du raïs. A l'approche de cette date anniversaire du soulèvement populaire, plusieurs milliers d'activistes se sont rassemblés ce lundi près du Parlement, pour exprimer leur crainte d'une confiscation du pouvoir par une alliance de circonstance entre islamistes et militaires. « A bas le gouvernement militaire », ont-ils scandé, refusant de voir la révolution dévoyée. Moins nombreux qu'il y a un an, les protestataires espèrent voir le cap de la démocratie se confirmer.