Le parti islamiste des Frères musulmans d'Egypte, force politique la mieux organisée du pays, a annoncé mercredi être arrivé en tête lors de la première phase des premières élections de l'ère post-Moubarak selon les résultats préliminaires. Par ailleurs, quelque 80 personnes ont été blessées mardi soir dans des affrontements sur la place Tahrir dans le centre du Caire, qui a résonné de coups de feu et d'explosions de cocktails Molotov. «Les premiers résultats obtenus depuis le début du dépouillement montrent que les listes du Parti de la liberté et de la justice (PLJ - Frères musulmans) arrivent en tête, suivies par le parti Al Nour (salafiste) et le Bloc égyptien (coalition libérale)», a indiqué le PLJ dans un communiqué. Le PLJ affirme avoir obtenu les meilleurs scores respectivement à Fayyoum (130 km au sud du Caire), dans le gouvernorat de la mer Rouge (sud), au Caire et à Assiout (sud), selon le communiqué. «Le score est plus serré entre le PLJ et le parti Al Nour dans les gouvernorats d'Alexandrie (nord-ouest) et Kafr Al-Cheikh (delta du Nil)», a ajouté le parti islamiste. La premier tour des législatives s'est tenu lundi et mardi dans un tiers des gouvernorats du pays le plus peuplé du monde arabe (plus de 80 millions d'habitants), dont la capitale Le Caire et la deuxième ville d'Egypte, Alexandrie. Le scrutin, organisé sur trois phases, s'étalera dans les autres régions jusqu'au 11 janvier pour l'Assemblée du peuple (députés) et jusqu'au 11 mars pour la Choura (chambre haute consultative). Les premières estimations rapportée mercredi par les médias égyptiens plaçaient déjà en tête les Frères musulmans, qui présentent pour la première fois un parti aux élections, ayant été officiellement interdits de toute activité politique sous Hosni Moubarak 8O blessés dans des heurts sur la place Tahrir Par aileurs, près de 80 personnes ont été blessées mardi soir dans des affrontements sur la place Tahrir dans le centre du Caire, qui a résonné de coups de feu d'origine indéterminée et d'explosions de cocktails Molotov. Vingt-sept blessés ont dû être hospitalisés, d'après l'agence de presse officielle Mena. Selon Mohammed al Saïd, représentant d'un des mouvements à l'origine de l'occupation de la place emblématique du Caire, des jeunes ont tenté de s'infiltrer parmi les manifestants qui demandent le transfert du pouvoir aux civils. La télévision officielle rapporte que les échauffourées ont opposé des vendeurs ambulants à des jeunes manifestants. Mohamed ElBaradeï, candidat à la présidentielle et figure du camp libéral, a déclaré que les manifestants hostiles aux militaires qui occupent la place depuis onze jours avaient été attaqués par des «voyous». Sur son compte Twitter, l'ancien directeur de l'AIEA a écrit: «Des voyous attaquent les protestataires de Tahrir. Un régime incapable de protéger ses citoyens est un régime incapable d'assurer sa première mission.» Sous le règne d'Hosni Moubarak, le terme de «voyou» était fréquemment utilisé pour désigner les éléments favorables au pouvoir qui perturbaient les élections, ou encore ceux qui ont chargé les manifestants à dos de chameau pendant la révolution du Nil qui a conduit au départ de l'ancien raïs le 11 février. Au moins dix coups de feu ont été entendus près du Musée égyptien, non loin du campement des manifestants sur la place Tahrir, où le calme était revenu jeudi dernier grâce à une trêve conclue entre forces de l'ordre et protestataires après cinq jours d'émeutes qui ont fait 42 morts dans tout le pays. Des badauds se sont rassemblés sur l'un des ponts qui enjambent le Nil et surplombent la place pour observer des groupes de jeunes gens se pourchasser. Selon Mohamed al Saïd, les manifestants qui campent place Tahrir depuis le 18 novembre pour demander le transfert des pouvoirs aux civils ont mis sur pied un service d'ordre pour «protéger les gens et les familles» des jeunes casseurs.