Les nouvelles autorités libyennes ont du mal à rétablir l'ordre dans le pays. Plusieurs affrontements entre milices ont été enregistrés ces derniers jours à Tripoli. La Libye est considérée comme la poudrière de la région, depuis la chute de l'ancien régime. Le trafic de stupéfiants et d'armes de tous genres échappe au contrôle des nouvelles autorités. Des spécialistes de la région craignent même que ce pays ne devienne une plate-forme des narco-trafiquants latino-américains qui ont déjà envahi l'Afrique de l'Ouest et qui sont en quête de débouchés plus proches de l'Europe. La menace d'Aqmi aussi reste d'actualité. Le groupe terroriste est notamment soupçonné par les Etats-Unis de chercher à recruter les jeunes révolutionnaires libyens qui, jusqu'à présent, n'ont ni intégré l'armée ni bénéficié d'un programme de réinsertion. D'après certains analyses, «au moins 125 000 Libyens seraient encore armés et membres de plus d'une centaine de brigades qui s'institutionnalisent progressivement» et revendiquent le contrôle de certaines régions du pays. Ainsi, les rebelles de l'Ouest, par exemple, se sont regroupés en milice autonome et agissent indépendamment par rapport au pouvoir central. Cette situation est de plus en plus inquiétante dans la mesure où plusieurs affrontements entre milices de régions différentes ont été enregistrés au cours de ces deux dernières semaines à Tripoli. Ces actes menacent la stabilité de ce pays qui vient d'amorcer un nouvel avenir après plus de quarante ans de dictature sous le régime de Mouammar Kadhafi. Benghazi ne décolère pas Dans le souci de relever ce défi, les nouvelles autorités libyennes ont annoncé, le 19 janvier, avoir signé un accord de formation avec la Jordanie. Cet accord permettra à la Jordanie de donner une formation militaire à quelque 10.000 rebelles libyens, qui intègreront par la suite les forces de sécurité du ministère de l'Intérieur. La formation d'un premier contingent de 1000 combattants devrait commencer d'ici le 1er mars. «Pour l'instant, il n'y a pas de programme clair et attractif, surtout pour faire en sorte que ces jeunes quittent leur vie et leur identité de rebelle à laquelle, maintenant, ils sont très attachés pour rejoindre une armée, dite nationale, mais qui n'existe pas. Leur façon de s'exprimer, c'est la culture de la kalachnikov», a expliqué l'ancien diplomate français à Tripoli, Patrick Haimzadeh. Par ailleurs, les habitants de Benghazi ne décolèrent pas vis-à-vis des membres du CNT. Abdoul Hafiz Ghoga, le vice-président du Conseil national de transition a été pris à partie, jeudi, par des étudiants lors d'une cérémonie sur le campus en hommage aux victimes de la guerre. Ces étudiants manifestaient contre l'opacité dont fait preuve le CNT, notamment concernant la gestion des avoirs libyens dégelés par la communauté internationale, il y a quelques mois. «Dégage, dégage !», scandaient les manifestants à l'arrivée d'Abdoul Hafiz Ghoga.