Sorti en salle au Mégarama de Casablanca, le nouveau film de Martin Scorsese Hugo Cabret est un voyage dans l'enfance et les prémices de la féérie cinématographique. Un merveilleux hommage à Georges Méliès et au cinématographe. Surprise sur le croissant lunaire du Voyage dans la lune de Georges Méliès, restauré dans sa version couleur par la Fondation Groupama gan pour le cinéma et la Fondation Technicolor pour le patrimoine cinéma, ainsi qu'une collection privée, Lobster Films, qui sera présenté au 13e Festival national du film de Tanger : Martin Scorsese a écrit un récit inattendu, sous la forme d'un conte destiné à ceux qui ont gardé en eux, une part d'enfance et de folie.On savait la passion de Marty pour le septième art puisqu'il œuvre activement depuis une dizaine d'années au sein de la World Cinema Foundation, sa fondation qui restaure de nombreux films du patrimoine mondial et surtout depuis son impressionnant et impérissable discours sur le cinéma français, invité d'honneur du 10e anniversaire du Festival international du film de Marrakech, on ne doute plus, de son évidente cinéphilie.Et de son admiration pour les pionniers du cinéma, des frères Lumière à Harold Lloyd, ainsi qu'à l'art muet de Charlie Chaplin.Témoin, les premières séquences consacrées à l'éveil des premiers films muets, des deux héros-enfants, Hugo Cabret (Asa Butterfield) faisant découvrir à sa jeune amie, Isabelle (Chloe Grace Moretz), orpheline, comme lui, la magie du cinéma. C'est immanquablement, le visage de Charlot qui apparaît à l'entrée de la salle obscure du Paris des années 30. L'illusionniste Comme la silhouette sombre, endeuillée de Georges Méliès (Ben Kinsley), qui a tout sacrifié à l'invention de ses films, figurant parmi les premiers de l'histoire du cinéma en France, et qui, aigri, profondément désespéré, a détruit la majeure partie de ses réalisations en les brûlant, le reste ayant été fondu et transformé en talon de chaussures pendant la grande guerre. Il s'est depuis, retiré du monde du cinéma et teint une boutique de jouets. L'ancien prestidigitateur poursuit d'une certaine manière son lien au jeu et au rêve. Le personnage principal, Hugo, vit à Paris, au cœur de la gare Montparnasse et du tic tac des horloges et des automates, scandé par le diktat du temps et le souvenir de son père trop tôt disparu. « Paris est un personnage important dans le film (…) L'amie d'Hugo compare la ville à une machine géante et complexe, dotée d'une âme. La gare où Hugo vit caché, personnifie cette machinerie. Notre reconstitution de Paris, n'est pas littérale, bien au contraire. Je me suis aussi inspiré des premiers films parlants de René Clair, Sur les toits de Paris ou A nous la liberté (…) Pour recréer la gare Montparnasse telle qu'elle était en 1931, nous avons emprunté certains éléments de la gare du Nord et de la gare de Lyon. J'ai spécifiquement demandé à ma monteuse, Thelma Schoomaker, de ne pas insérer la mention ‘‘Paris 1931'' afin de ne pas mettre le spectateur à distance », a souligné Martin Scorsese à la presse française spécialisée. Vibrant hommage En plus de s'emparer de l'histoire de Méliès, et de lui rendre un vibrant hommage, à travers son nouvel opus, Scorsese est, à 69 ans, un cinéaste pétri de curiosité, porté par une nouvelle conception de réaliser un film par le biais de la 3D. Soucieux du relief qu'elle apporte et conscient de la demande du public pour le son et la couleur, directement liés à la réalité actuelle. Ce film pour enfants est bien évidemment celui des adultes, se déroulant au fil du destin d'Hugo, gamin, esseulé, habité par le désir de remettre en état de marche un automate, acheté par son père à un musée. Une fois la machine revenue à la vie grâce à la ténacité de l'enfant, c'est le visage d'une lune pleine, avec une fusée qui s'extrait de son œil, qui se dessine sur une feuille de papier : autre parallèle avec Le Voyage dans la lune de Méliès. Poursuivant le lien indéfectible à l'enfance, aux jeunes héros, comédien éternels malgré les effets du temps et à l'amour du cinéma. Scorsese est, à 69 ans, un cinéaste pétri de curiosité, porté par une nouvelle conception de réaliser un film par le biais de la 3D.