Après le 64e Festival de Cannes, la projection de Voyage dans la Lune, en ouverture du 13e Festival national du film à Tanger sera une première sur le continent africain. Le 8 décembre dernier, on célébrait le 150e anniversaire de la naissance de Georges Méliès, père fondateur du cinématographe. Si le temps se joue de la mémoire et de la perte, le pouvoir de l'image, continue de faire effet, ayant plus d'un tour dans sa besace jamais poussiéreuse. La sortie restaurée du Voyage dans la lune, du premier illusionniste du septième art, donne à voir l'élan créatif et l'audace de Méliès. L'homme et son film ont plus que jamais une histoire indéfectible, scandée par le tic-tac des horloges au fil des siècles. Une histoire qui réécrit les lignes narratives du cinéma muet au XXIe siècle, à l'heure du numérique et de la 3D. Qui aurait pu prédire un destin au long-court au Voyage dans la Lune ? Tout prend forme en noir et blanc, puis en pellicule colorisée à la main par Méliès l'enchanteur qui réalise les premiers formats courts à coups de petits films et d'attractions tournés dans ses studios à Montreuil. Ancien prestidigitateur, il acquiert en 1896 un théâtre, où il organise des projections en cinématographe : l'homme de spectacle aime l'humain et son époque. Son intérêt sociétale, lui vaut déjà une production tournée vers les sujets d'actualités et les faits divers reconstitués. Il a ainsi relaté l'affaire Dreyfus. Début de la féérie Le Voyage dans la Lune marque bel et bien l'histoire de l'art muet et le début de la féérie. Il éclot six ans après la projection des Frères Lumière en 1895, au salon indien du Grand Café, officialisant la naissance du cinéma. Georges Méliès a eu recours aux premiers trucages ; contraint de fermer son théâtre en 1913, en proie au désespoir, il brûle alors ses négatifs. Aujourd'hui, Madeleine Malthête-Méliès, sa petite fille, a écrit dans une biographie qu'elle lui a consacré que 200 films existent encore parmi les 500 qui constituaient son œuvre. Plus de cent ans après sa sortie, le grand œuvre de Méliès est à nouveau visible dans sa version couleur, considérée longtemps comme perdue, elle a été retrouvée en 1993 à Barcelone. Il faut attendre 2010 pour qu'une restauration complète soit engagée par trois spécialistes de la restauration du film, dont Serge Bromberg : deux fondations françaises, la Fondation Groupama gan pour le cinéma et la Fondation Technicolor pour le patrimoine cinéma, ainsi qu'une collection privée, Lobster Films. Désireuse de diffuser le film auprès du grand public, ces deux fondations ont fait appel au groupe Air, pour signer la B.O. Il s'agit en effet de la troisième bande originale de film pour le duo qui en retient un son « fait main ». « On tenait à ce que cela sonne bricolé, à l'image des trucages de Méliès. Tout est joué en live ou presque », ont confié Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunkel, à la presse française spécialisée. Cerise sur le croissant lunaire : Hugo Cabret, nouvel opus de Martin Scorsese inspiré d'un livre pour enfants de Brian Selznick, raconte l'histoire d'une jeune orphelin qui trouve en Georges Méliès, un père de substitution. Qui mieux que Marty, passionné de cinéma français, amoureux fou de son histoire et qui nous a scotché au 10e FIFM, par son incroyable discours sur le sujet pouvait rendre plus bel hommage à Méliès ? Avec ces nombreux évènements liés au 7e art, le Maroc est plus que jamais une terre de cinéma, quel autre pays passe en boucle dans les toilettes de l'un de ses aéroports la B.O du Parrain ou de Love story ?