Un géant des phosphates. Telle était l'ambition de Mostapha Terrab lorsqu'il a pris les commandes de l'OCP en 2006. Aujourd'hui, les contours de sa stratégie commencent à se dévoiler, l'un après l'autre, et les chantiers structurants sont déjà avancés, comme en témoigne la récente inauguration de la nouvelle usine à Jorf Lasfar. Eclairage. Depuis la nomination de Mostapha Terrab à la tête de l'Office chérifien des phosphates en 2006, le groupe s'est doté d'une nouvelle stratégie ambitieuse qui vise à conforter sa position dans le secteur des phosphates. Cette stratégie, dont les contours commencent à s'esquisser, a adopté quatre axes : la politique commerciale, l'investissement industriel, la normalisation financière, statutaire et juridique et la modernisation des modes de gestion. Le tout, afin de rompre avec les anciennes méthodes et faire de l'Office une entreprise forte, à la fois sur son marché local et à l'international. Pour le premier axe, toute la politique commerciale a été refondue. Objectif : renforcer et améliorer les parts de marché du groupe, dans un contexte marqué par une rude concurrence menée par les Etats-Unis, la Chine, l'Arabie Saoudite et le Koweït. Un marché sur lequel l'Office détient des parts qui s'élèvent à fin 2010 à 36,4 %, 51 % et 15 %, sur les marchés de la roche, de l'acide phosphorique et des engrais respectivement. Si en termes de régions, l'Amérique du Nord, l'Océanie et l'Europe présentent des marchés conquis à majorité, avec 100 % dans le premier et 84 % dans le second, pour la roche, et 57 % dans le dernier pour l'acide phosphorique, il est clair que le grand potentiel de développement réside dans les zones où l'OCP cherche à se renforcer davantage, notamment en Amérique latine qui n'est conquise par l'Office qu'à hauteur de 43 %, pour la roche, et 26 % pour les engrais. De même qu'au niveau de l'Asie, et particulièrement l'Inde, les parts de marché du groupe s'élèvent à 44 % en ce qui concerne l'acide phosphorique, 11 % pour la roche et seulement 9 % pour les engrais. 115 milliards de DH à investir Au niveau du second axe, l'idée du management est de renforcer sa position sur le marché des engrais qui présente le potentiel de croissance le plus important. Un programme massif d'investissement a été lancé dans ce sens. Il permettra de doubler la production mi nière, qui passera de 30 à 55 millions de ton nes/an, et de tripler la production d'engrais, qui s'établit aujourd'hui à 3,6 Mt/an. Afin d'atteindre ces ambitions, le groupe OCP a lancé un programme d'envergure axé sur un chantier industriel dont l'enveloppe budgétaire est de l'ordre de 115 milliards de DH. Ce programme qui s'inscrit dans une démarche intégrée couvre la période allant jusqu'à 2020 et concerne dans le détail, des projets de la Mine (nouvelles mines et laveries) représentent environ 30 %, la Chimie (acide phosphorique et engrais) 46 %, le Jorf Phosphate Hub 16 % et les infrastructures (pipelines, installations portuaires, etc.) 6 %, les 2 % restants allant à divers autres projets. Parallèlement, l'office mène une intense activité de R&D visant à déve lopper sa gamme déjà vaste et variée de produits dérivés et de proposer des produits en phase avec les besoins de l'agriculture mondiale. Entamée il y a cinq années, la restructuration de l'OCP va donc bon train et devrait aboutir à terme à la naissance d'un véritable géant des phosphates. La première pierre de l'investissement industriel Au cours de la semaine dernière, l'inauguration d'une nouvelle usine dans la plate-forme industrielle de Jorf Lasfar a signé le démarrage d'un grand chantier. Baptisée «Bunge Maroc Phosphore», cette unité découle du partenariat récemment dévoilé avec le Brésilien Bunge Fertilizantes. L'unité qui se spécialise dans la production d'acide phosphorique et d'engrais phosphatés est destinée à couvrir près de 70 % des besoins d'importation de Bunge en produits phosphatés pour le marché latino-américain. Le projet a nécessité une enveloppe de plus de 2,7 milliards de DH et comporte une unité de production d'acide phosphorique de 375 000 tonnes par an et une unité de production d'engrais d'une capacité de 610 000 tonnes par an. Précurseur d'une série de projets structurants, d'autres en effet sont en cours de réalisation. Il s'agit notamment de l'extension de l'usine d'engrais pour un coût de 2,1 milliards de DH, l'aménagement d'unités de stockage et d'utilités pour 10 milliards de DH, la création de quatre nouvelles usines de production d'acide et d'engrais pour 22 milliards de DH, la construction d'une usine de dessalement de l'eau de mer pour 2,7 milliards de DH et l'extension des infrastructures portuaires pour 3,3 milliards de DH.