La machine diplomatique est en marche pour faire plier le régime syrien. La Ligue arabe compte saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour contraindre le président syrien à accepter son plan de sortie de crise. Bashar el-Assad est de plus en plus isolé. Après les sanctions économiques qui n'ont pas eu l'effet escompté, la Ligue arabe compte désormais s'en remettre au Conseil de sécurité de l'ONU. Une démarche qui, selon les leaders de l'institution panarabe, a pour objectif de faire respecter le plan de sortie de crise précédemment proposé au régime syrien. « L'objectif, c'est de faire en sorte que ce soit des décisions arabes qui soient adoptées », a déclaré, samedi, Hamad ben Jassem al-Thani, le Premier ministre du Qatar. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront mercredi prochain pour se prononcer sur le sujet. L'Irak a de même envoyé, ce samedi, une délégation en vue de trouver un terrain d'entente avec le gouvernement syrien dans la résolution de la crise. Selon Falah al-Fayyad, le chef de la délégation , il y a encore des chances de pouvoir faire entendre raison à Bashar el-Assad. « Nous avons eu des discussions positives avec le chef d'Etat syrien. Nous poursuivons nos efforts pour arriver à un accord entre les autorités et l'opposition syriennes. Il est trop tôt pour parler de résultats », a-t-il laissé entendre. Un pas important dans la résolution de la crise Cependant, le Premier ministre du Qatar ne semble pas partager cet avis. « En l'état actuel, il n'y a pas le moindre espoir pour sortir de la crise », a-t-il souligné. Mais pour le moment, il n'est pas question d'une intervention militaire en Syrie. La Ligue arabe entend user de tous les moyens de négociation possibles avant de recourir à cette ultime solution. « Nous ne parlons pas d'une intervention militaire », a précisé Hamad Ben Jassem al-Thani. Face au statu quo qui perdure, la Russie semble désormais disposée à faire avancer la situation. Du moins, c'est ce que Moscou a fait croire, jeudi, en proposant une résolution au Conseil de sécurité. « En l'état actuel, il n'y a pas le moindre espoir pour sortir de la crise. » Hamad ben Jassem al-Thani, Premier ministre du Qatar. Ce texte russe, pour la première fois depuis le début de la répression, condamne « l'usage disproportionné de la force par le régime syrien ». L'ambassadeur français à l'ONU a dénoncé, samedi, « un texte déséquilibré et creux ». De nombreux diplomates occidentaux ont de même qualifié la proposition russe de « partiale » dans la mesure où elle ne condamne pas fermement les exactions du régime à l'encontre de sa propre population. D'après le spécialiste de la Syrie,Ignace Leverrier, qui se confiait au journal français Le Point, « la proposition russe est un premier pas indispensable, qui ouvre la voie à un cycle de résolutions en vue d'aboutir, à terme, à des sanctions ». Selon un diplomate brésilien cité par la même source, « une résolution de l'ONU sanctionnant la Syrie pourrait provoquer une guerre civile, et il faut à tout prix éviter d'emprunter le même chemin qu'en Libye ». Médecins tortionnaires Sur le terrain, au moins vingt-sept personnes ont été tuées par les forces de sécurité dans la journée du samedi selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme(OSDH). De même, les affrontements entre les déserteurs et l'armée régulière se poursuivent dans plusieurs régions du pays. À Homs, bastion de la contestation depuis quelques mois, cinq civils ont péri sous les balles des forces de l'ordre dans les quartiers de Baba Amro, al-Khaldiya et al-Bayadha. La grève générale entamée le 11 décembre à l'appel des militants pro-démocratie se poursuit. Plus de 5 000 civils ont été tués en Syrie depuis le 15 mars, selon le bilan de l'ONU. Par ailleurs, selon un médecin syrien établi à Genève, le docteur Tawfik Chamaa, certains membres du corps médical en Syrie sont impliqués dans les crimes commis par les régime. « Non seulement les militaires et les milices liées au régime viennent torturer et exécuter jusque dans les chambres et les salles d'opération, mais l'une des horreurs de cette situation, c'est que le corps médical lui-même participe à l'achèvement des blessés », a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée, vendredi, à Genève sous le thème « Urgence sanitaire en Syrie ». « Le système sanitaire syrien est truffé d'individus liés au pouvoir. Un atelier juridique travaille sur ce dossier. Il faudra déposer des plaintes auprès de la Cour pénale internationale », a ajouté Tawfik Chamaa.