La Ligue arabe vient de suspendre la Syrie de son organisation. Une manière de répondre à la répression sanglante à l'encontre des manifestants anti-régime. Cette décision de la Ligue entrera en vigueur ce mercredi. L'étau se resserre de plus en plus autour de Bachar al-Assad. La Ligue arabe vient de suspendre la Syrie de son organisation. Cette décision, votée ce samedi par dix-huit des 22 membres de l'organisation, entrera en vigueur mercredi. C'est une mesure prise dans le but de contraindre le régime de Damas à stopper la répression sanglante contre les manifestants qui réclament le départ du président syrien depuis le mois de mars. «Dix-huit des 22 membres de la Ligue ont voté en faveur de la suspension de l'adhésion de la Syrie à toutes ses réunions à compter du 16 novembre et ce jusqu'à l'application dans sa totalité du plan arabe de sortie de crise», a déclaré le chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, à l'issue d'une réunion ministérielle de la Ligue au Caire. Et la réaction de Damas n'a pas tardé. «La communauté internationale doit entendre le message qui lui est adressé par les Etats arabes et agir». Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères. «La suspension de la Syrie est illégale et contraire au traité de l'organisation. C'est une décision qui met fin à l'action arabe commune et prouve que la Ligue arabe suit un programme édicté par les Américains et les Occidentaux», a rétorqué Youssef Ahmad, le représentant syrien auprès de l'organisation panarabe. Il a, de même, assuré que son pays n'avait pas fait fi du plan de sortie de crise imposé par l'institution alors que les violences contre les protestataires n'ont pas du tout faibli. Vendredi, les forces de l'ordre fidèles au régime ont tué au moins 23 personnes. Crime contre l'humanité La répression se concentre principalement sur la ville de Homs, berceau de la contestation depuis quelques mois. Selon les ONG de défense des droits de l'Homme dans le pays, ce mois de novembre est le plus meurtrier depuis le début des manifestations en mars dernier. D'après leur bilan, au moins 250 civils ont déjà été tués depuis le début du mois. Dans le même temps, Human Rights Watch accuse le régime de crime contre l'humanité dans son dernier rapport sur la répression dans la ville de Homs, publié le 11 novembre. « La nature systématique des violences dont des actes de torture et des exécutions perpétrées par les forces syriennes contre des civils dans la province de Homs indique l'existence de crimes contre l'humanité», a dénoncé l'organisation. «Homs constitue un microcosme de la brutalité du gouvernement syrien», a précisé Sarah Leah Whitson, la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW. Soutien au régime La suspension de la Syrie par la Ligue arabe a provoqué la colère des manifestants pro-régime qui s'en sont pris, samedi, à des représentations diplomatiques à Damas. L'ambassade saoudienne a notamment été la cible d'attaque de ces manifestants. «En soirée, plusieurs manifestants se sont introduits dans les locaux de la chancellerie, détruisant ses fenêtres et saccageant ce qu'il y avait à l'intérieur», a indiqué l'agence officielle saoudienne Spa. Des attaques similaires se sont, également, produites à Lattaquié, à 330 km au nord de Damas, contre les consulats de France et de Turquie. Dimanche encore, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Damas pour manifester leur soutien au chef d'Etat syrien. «Le peuple veut Bachar al-Assad. Nous sacrifions notre sang et notre âme pour toi», scandaient-ils. Mais aux antipodes de cette fureur, les opposants, quant à eux, se réjouissent de la décision de la Ligue arabe et estiment que c'est un pas de plus vers la chute du régime. L'organisation a aussi invité l'opposition syrienne à prendre part à une réunion au Caire dans les prochains jours en vue de trouver une stratégie pour faire face à la répression. L'Union Européenne a salué cette décision et appelé la communauté internationale à accroître la pression sur Damas. «Nous saluons l'offre de la Ligue arabe de mettre fin aux violences et de mettre en œuvre les réformes que le peuple syrien a réclamées courageusement au cours des derniers mois», a déclaré Michael Mann, le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. «La communauté internationale doit entendre le message qui lui est adressé par les Etats arabes et à agir», a déclaré Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères de la France. Le président américain, Barack Obama, a, pour sa part, qualifié la suspension de la Syrie d'étape importante qui démontre l'isolement diplomatique du régime de Bashar al-Assad.