Début 2012. La forte concurrence, le tassement du trafic et le renchérissement du pétrole mettront à mal les recettes de la compagnie aérienne. qui espère récupérer les premiers fruits du plan de sauvetage début 2013. C'est un Driss Benhima inquiet mais optimiste qui s'est adressé à l'assistance mardi 13 décembre à la CGEM. Le PDG de la RAM s'attend à une année 2011 pire que la précédente qui, pour rappel, a enregistré un chiffre d'affaires de 1,7 milliard de dirhams et un résultat net déficitaire de 930 millions de dirhams. Et pour cause, les tarifs ont baissé de 27% mais en parallèle la rationalisation des coûts déjà entamée par la RAM n'a permis de dégager que 20% de gain. Benhima a, par la suite, annoncé une baisse de 8% de l'offre d'hiver de la RAM. Pour les compagnies low cost, il s'agira d'une baisse de 19% alors que les compagnies régulières augmenteront leur offre de 17%. «Il y aura un tassement du trafic et une hausse des cours du pétrole. Ce qui est inquiétant, c'est qu'on observe un dérèglement des marchés. Quand le trafic augmente, les cours du pétrole augmente. Or actuellement, le trafic ne cesse de baisser et les cours de pétrole sont sur une tendance haussière !», s'inquiète Benhima avant d'ajouter : «Je peux vous dire que la crise n'est pas encore terminée; le début de l'année sera difficile pour nous. Et si reprise il y aura, elle ne verra le jour qu'à fin 2012». Les causes d'une faillite évitée Avant de dresser la feuille de route de la RAM pour les années à venir, Benhima a préféré revenir sur les causes qui ont mis à mal la compagnie aérienne. Tout d'abord, la forte concurrence des compagnies low cost. En effet, l'offre en sièges des opérateurs low cost sur le Maroc est passée de 550 000 sièges, en 2006, à plus de 7 millions de sièges en 2010. Leur présence a ainsi été multipliée par 12 entre 2006 et 2010. Cette situation a entraîné une baisse des tarifs qui ont chuté de 26% entre 2003 et 2010. Cette tendance baissière des prix concerne également le Handling qui est désormais ouvert à la concurrence. Résultat : la RAM a enregistré un déficit de 57 millions de dirhams sur ce service. Pour rehausser la part de marché sur le continent africain, Benhima propose, pour 2012, de transporter gratuitement les Africains venus s'inscrire dans les écoles marocaines. Sur un autre registre, le PDG de la RAM est revenu sur une ambiguïté qui durait pendant des années. « RAM fonctionne – et c'est un paradoxe – avec des impératifs d'efficacité économique mais aussi des finalités d'intérêt général au service de l'Etat et de la collectivité, avec des missions de service public. La compagnie assure ainsi un réseau de lignes intérieures déficitaire», a-t-il souligné. Toutefois, le contrat-programme signé récemment avec l'Etat autorise la RAM à procéder à la fermeture de certaines lignes jugées déficitaires, notamment les lignes domestiques, pour lesquelles – d'ailleurs – la RAM ne percevait aucune subvention. Ceci dit, le ciel sera plus clair pour la RAM à partir de 2013. Ceci grâce au contrat-programme qui permettra à la compagnie aérienne de lancer un plan de rationalisation interne comprenant plusieurs mesures ; l'optimisation du réseau et l'amélioration de la productivité de la flotte ainsi que la réduction des charges de plus de 1 milliard de dirhams, à travers la réduction de la masse salariale grâce à un plan social qui prévoit le départ volontaire de 1 500 personnes, entre 2011 et 2013. Sur ce point, «au 12 décembre 2011, sur les 1 560 départs prévus, 1 087 départs ont été acceptés, dont 790 sont déjà effectifs. Les autres devant s'étaler sur les semaines qui viennent », nous fait savoir la RAM. Des mesures courageuses En plus du plan social, il y aura une réduction des coûts opérationnels, notamment à travers la poursuite du programme d'optimisation de la consommation de carburant, le développement des activités de commercialisation et l'optimisation de l'implantation commerciale de la compagnie. «Il s'agit d'un véritable bouleversement des fondamentaux et d'une remise en cause de l'ADN de l'entreprise», conclut Benhima qui a confié qu'en début 2012, une réorganisation de la RAM sera effectuée avec une réduction considérable du nombre de directeurs. De même, un nouveau règlement des achats verra le jour et les systèmes d'informations de la compagnie seront optimisés.