Après 9 jours de fête dédiés à la passion du cinéma à travers 15 films, le Festival International du film de Marrakech a joué samedi soir sa dernière séquence en attribuant l'Etoile d'or à Out of Bounds , réalisé par la cinéaste danoise Frederikke Aspöck. Eclairage. « D'abord des actes, après des paroles », nous rappellerait Godard. A l'issue de la 11e édition du FIFM, le souvenir de moments forts et d'images parfois choquantes, ne peut plus nous quitter. En effet, les quinze cinéastes qui ont présenté leurs premiers films, ont donné à voir au public marrakchi, à la critique et à la profession, un cinéma social, sombre, violent mais jamais complaisant. C'est souvent caméra à l'épaule ou par le biais de la contemplation que ces réalisateurs ont investi le champ du réel pour dire le mal-être, la condition humaine après l'immigration ou le combat de diverses communautés attachées à la même terre. Un cinéma-vérité s'en détache, un cinéma qui nous a tenaillés par la force de certaines séquences. Ceux qui ont vu durant cette semaine Les Crimes de Snow Town , ne sont pas prêts de les oublier, comme les scènes de misère humaine ne nous quittent plus depuis Seven Acts Of Mercy , des frères De Serio à qui nous souhaitons comme les frères Cohen ou Darden longue vie, ou encore celles du film bulgare Sneakers de Valeri Yordanov, inscrites dans les plaisirs simples de la vie. Ces 15 actes d'engagements et d'amour du septième art, réalisés par l'ensemble d'une équipe, ont été distingués par Emir Kusturika, président du jury long-métrage, manifestement très heureux de vivre cette cérémonie de clôture - puisqu'il n'a pas cessé de danser depuis son arrivée sur le tapis rouge, tout comme Radu Mihaileanu, membre du jury originaire des Balkans aussi - et qui a fait souffler une valse slave sur la cité ocre. Bain de foule La comédienne Jessica Chastain, également membre du jury, généreuse et lumineuse, a offert un bain de foule aux nombreux marrakchis, accompagnés de leurs jeunes enfants. L'ambiance festive et chaleureuse de ce jury s'est encore sentie dans la salle du Palais des congrès lors de la remise des différentes distinctions. Rigoberto Perezcano, lauréat de l'Etoile d'or du FIFM 2009 pour Norteado , représentant la nouvelle génération du cinéma mexicain, a remis à la cinéaste danoise une nouvelle Etoile d'or, pour Out OF Bounds (Labrador). Ce bel ouvrage, d'une durée de 72 minutes, nous embarque dans une île venteuse et désolée, à travers trois destins : un jeune couple, Stella et Oskar, et Nathan, le père de Stella. L'annonce d'une naissance, délite la relation du jeune homme et du père de la future maman. Un affrontement inévitable va opposer les deux hommes. Poignant « Seven Acts OF Mercy » Les prix d'interprétation masculine et du jury ont récompensé le film australien Les Crimes de Snowtown et son acteur Daniel Henshall pour sa cinglante composition (voir interview). Ce film évoque l'enrôlement du plus grand serial-killer d'Australie et des habitants d'une petite ville désœuvrée, abandonnée au chômage et à la drogue. On est en Australie, mais la misère ambiante et l'indéniable violence des rapports humains rappellent parfois des films de la veine de Shirley Adams , opus sud-africain. C'est une œuvre originaire d'Italie - pays et terre de cinéma hommagée grâce à Marco Bellochio (ayant d'ailleurs animé une master class) - qui a obtenu le Prix de la mise en scène pour le poignant Seven Acts OF Mercy , des frères De Serio. La comédienne américaine Jocelyn Jensen a été couronnée par le Prix d'interprétation féminine pour Without . Le cinéma outre-atlantique était, de plus, représenté par Forest Whitaker, comédien et réalisateur à qui le FIFM a rendu un vibrant hommage. Le prix Cinécoles a récompensé par le grand prix L'Arroseur de Mohamed Aouad et Bebope (mention spéciale du jury); les lauréats ont reçu leurs trophées des mains de Sigourney Weaver, présidente du jury courts-métrages. Beau signe de vitalité pour la jeune école de cinéma au Maroc.