Intervenante au Forum sur les médias communautaires de Marrakech, la journaliste et représentante du Syndicat tunisien des radios libres, Marwa Sallami, revient sur la récente autorisation des radios associatives dans son pays. Encore à ses débuts, cette ouverture du paysage médiatique pose de nombreux défis. Depuis la révolution tunisienne, les langues se délient. La liberté d'expression a repris du service et les médias retrouvent leurs fonctions originelles. Signe du changement, des licences ont été accordées à des radios associatives, c'est-à-dire à des radios à but non lucratif, structurées autour d'une association avec des objectifs définis. Intervenante lors de la rencontre sur les radios communautaires organisée cette semaine par le portail Internet e-Joussour à Marrakech, Marwa Sallami a présenté l'expérience des médias associatifs tunisiens. Pour cette jeune journaliste tunisienne, le passage sur les ondes des associations ouvre la voie à une information citoyenne au vrai sens du terme. Un témoignage riche en enseignements pour le Maroc, où les médias associatifs sont encore interdits par la loi. La révolution tunisienne a marqué un tournant pour la liberté d'expression. Comment ce mouvement a-t-il impacté les médias ? Avant la révolution, nous souffrions tous de la dictature de Ben Ali. Nous n'avions pas le droit d'exprimer nos opinions. Les médias n'étaient qu'une vitrine du régime. Nous ne pouvions pas critiquer, exprimer nos avis et dire non à sa politique catastrophique. À présent, après la révolution, nous avons la liberté d'expression. Mais le problème, c'est que nous avons à présent des dépassements de la liberté d'expression. Il y a des attaques sur les choses personnelles. Il n'y a pas le respect que nous souhaitions. Nous devons respecter la vie personnelle, qu'il s'agisse de la religion, ou des avis des personnes. Nous faisons pression sur l'Etat afin d'avoir des lois qui encadrent les radios associatives et obtenir un soutien. Signes de cette ouverture, plusieurs licences ont été accordées à des radios associatives. Qu'en est- il exactement ? Il y a quatre radios. La radio mère, c'est la Radio 6 où je travaille. Avant la licence, c'était une web radio qui a été fondée en 2007. Depuis février, avec la licence, nous sommes à l'antenne. Deux autres radios ont la licence à Gafsa et à Kasserine. Celle de Jandouba est en préparation et devrait voir le jour dans quelques mois. Qu'est-ce qui a rendu possible cette ouverture ? La loi a-t-elle changé ? Il n'y a pas de loi pour les radios associatives. Il n'y a que des lois pour les radios commerciales. Personne ne sait ce qu'est une radio associative. Mais maintenant, nous faisons pression sur l'Etat afin d'avoir des lois pour encadrer les radios associatives et obtenir un soutien. La question du financement notamment est très importante. Qu'est-ce qui vous a amenée à vous investir dans une radio libre ? En tant que journaliste animatrice, je travaille pour des émissions que j'aime. Notre but est de donner la voix au maximum de citoyens, notamment via des micro-trottoirs. L'objectif est d'être le porte-parole des sans voix. C'est une responsabilité. Actuellement en Tunisie, les sans voix sont principalement les plus démunis et les habitants des régions intérieures qui ont été exclus par le régime.