Après le retrait de l'USFP, le gouvernement Benkirane a de fortes chances d'être composé uniquement du PJD, de l'Istiqlal, de la Haraka…et du PPS. Une telle coalition aura-t-elle la capacité de former un exécutif fort ? Analyse. La surprise. C'est aujourd'hui l'état d'esprit qui règne sur pratiquement l'ensemble de la scène politique après l'annonce du passage de l'USFP aux rangs de l'opposition. La surprise, c'est d'abord le PJD, grand vainqueur des élections du 25 novembre, qui en fait l'objet. «Je pense personnellement que la décision de l'USFP se respecte, mais que le parti aurait gagné à en faire part, et à être clair la-dessus, avant les élections. Sans aller jusqu'à dire que le parti obéit à un agenda qui n'est pas le sien, j'avoue être surpris par le choix du moment», nous dit Abdellah Bouanou, député et «Monsieur Intérieur» du PJD. C'est que le PJD comptait, et l'a montré à maintes occasions , sur l'ensemble des partis formant la Koutla pour gouverner. Tel ne sera décidément pas le cas. Le scénario le plus probable reste une participation de l'Istiqlal, du Mouvement populaire et …du PPS. L'option d'un gouvernement (largement) de centre droit, que nous exposions sur nos colonnes, se précise donc. Le PPS pro-participation Si les mauvaises langues voudraient que le parti du Livre se contente de jouer les «suiveurs» de l'USFP, tel n'est pas le cas au sein de la formation dirigée par Nabil Benabdellah. Pour ce dernier, «le PPS est une entité à part entière et son autonomie de décision est, et restera, intacte». Le bureau politique de la formation de gauche devait se réunir, hier lundi en soirée, pour trancher une fois et pour toutes. Ce sera la troisième réunion du genre depuis le 26 novembre. «L'objectif est aussi de convoquer le comité central du parti pour une réunion à tenir au courant de la semaine », nous informe Karim Taj, membre du bureau politique. Mais tout porte à croire que le PPS sera du prochain gouvernement. «La tendance globale est pour la participation. D'autant que le PJD s'est toujours prononcé pour un programme participatif résumant et harmonisant les propositions-phares des programmes de toutes les formations qui composeront la majorité gouvernementale», précise-t-il. La fin des alliances? Quid des autres formations? L'Union constitutionnelle, bien que faisant partie du pacte sacré qu'est l'Alliance pour la démocratie, ou le G8, né à la veille des élections, s'est dite disposée à rejoindre le gouvernement. Mohamed Abied, secrétaire général de cette formation nuance aujourd'hui. «Nous attendons de pouvoir nous réunir avec le chef du gouvernement pour décider », affirme-t-il. Une réunion qui devait avoir lieu dans les 24 heures au moment où nous mettions sous presse. « Le PPS est une entité à part entière et son autonomie de décision est, et restera, intacte» Nabil Benabdellah La participation du RNI, elle, est toujours en suspens. Bien que pour Mohamed Bentaleb, un des membres influents de la formation de la Colombe, le choix est déjà tranché: celui de l'opposition. «Notre bureau exécutif s'est déjà prononcé pour la non participation. Et c'est cette option qui sera discutée pour validation au conseil national. Notre choix s'explique d'abord par le fait que lors des élections, nous étions en concurrence, d'idées, de programmes et d'idéaux avec le PJD. Venir aujourd'hui nous placer sur la file d'attente d'accès au gouvernement reviendrait à insulter l'intelligence des Marocains. C'est par respect pour le choix de nos concitoyens, qui ont consacré la formation d'Abdelilah Benkirane, pour les règles démocratiques et pour le même PJD que nous passons à l'opposition», dit-il. Si l'U.C et le M.P décident de participer, serait-ce dans ce cas la fin du G8? «Chaque partie est libre et souveraine de participer ou non au gouvernement. Et si cette option est synonyme de fin d'une alliance donnée, ce sera aussi le cas pour la Koutla», nous répond Abied. Autant dire que si les alliances explosent, ce sera de toutes parts.