(Suite de la page Une) … Cela d'autant, explique Mohamed Darif, que techniquement l'organisation des élections anticipées suppose un coût financier que l'Etat ne peut pas supporter. De même, les partis politiques sont actuellement beaucoup plus préoccupés par leur organisation interne. D'ailleurs, plusieurs ont programmé leurs congrès pour l'année en cours, ou celle à venir. Pour ce politologue, «Abbas El Fassi ira sûrement jusqu'au bout de son mandat ne serait-ce que parce que le roi l'a promis. Le discours d'août 2007 fait référence en ce sens», affirme le politologue. «Le roi avait encouragé les électeurs à participer au suffrage du 7 septembre 2007 et surtout à bien choisir leurs candidats». Car c'est un vote qui allait les engager pour tout un mandat. Résultat, bien qu'à la tête d'un gouvernement minoritaire, depuis le début, Abbas El Fassi est, du moins, certain d'aller au bout de ses 5 années de mandat. Cela, alors même que les différentes attractions-répulsions que connaît la scène politique ont relégué le parti de l'Istiqlal à un rang inférieur au Parlement et que les dernières élections communales ont consacré un nouveau leader sur l'échiquier politique. Mais cela n'est aucunement une raison pour tenir des élections avant terme. D'abord, une évidence : le gouvernement est issu des élections législatives. Le gouvernement de Abbas El fassi est de loin le plus faible de l'histoire du Maroc Les résultats des communales n'affectent pas sa formation. Ensuite le classement et le poids des partis politiques au Parlement est fixé une fois pour toutes au lendemain des élections. «Tous les partis politiques sont arrivés à un accord selon lequel il ne peut être tenu compte de la transhumance des députés». C'est en fait la manière des formations politiques de condamner cette pratique : ne pas tenir compte des effets et changements qu'elle engendre. «On aurait pu parler d'élections anticipées si l'USFP avait quitté le gouvernement, comme certains de ses dirigeants menaçaient de faire», fait noter le politologue. Mais, aujourd'hui, avec un Driss Lachgar bien installé dans son maroquin de ministre, cette éventualité n'est plus à l'ordre du jour. Bref, tout le monde s'accorde à le dire. Le gouvernement de Abbas El Fassi est de loin le plus faible de l'histoire du Maroc. Mais, il faut s'en accommoder, en attendant 2012. Seulement, «la réalité est souvent autre», tempère Mohamed Darif. «Ces dernières années, le Maroc a néanmoins connu certaines réalisations : le statut avancé accordé par l'UE s'est concrétisé en 2008 et le Maroc a pu faire face à la crise mondiale», explique le politologue. En outre, faut-il encore le préciser, la question reste toujours en suspens : «pour être maintenu, le gouvernement a-t-il besoin de la confiance du roi ou de celle du Parlement ?». Abbas El Fassi peut s'enorgueillir, et il l'a déjà fait à plusieurs reprises, de bénéficier de la première. Le reste ne semble pas le préoccuper. Ni d'ailleurs la récente décision du PAM de lui mener la vie dure sous la coupole du Parlement. Le parti du tracteur a décidé en effet de changer ses méthodes de contrôle parlementaire du gouvernement à compter de la prochaine session du printemps. «Le PAM devait jouer ce rôle depuis qu'il a décidé de rejoindre l'opposition. Il devait renforcer celle-ci. L'idéal sera d'avoir un gouvernement homogène et une opposition forte», note notre interlocuteur. Nous en sommes encore très loin. Ce que nous offrent nos politiciens en échange, ce sont quelques aberrations. Un PAM à l'opposition, mais dont l'un des dirigeants et membres fondateurs siège toujours au gouvernement à la tête d'un grand département. Un RNI, membre de la majorité, qui ne trouve aucune difficulté à s'allier avec un UC membre de l'opposition avec en perspective un groupe parlementaire commun. Une majorité qui soutient le SG d'un parti de l'opposition dans la course à la présidence de la deuxième Chambre. La prochaine reprise de l'activité parlementaire, avec à la clé l'élection d'un nouveau président de la première Chambre, nous réserve certainement d'autres surprises du genre. Remaniement La voie royale La pratique l'aura démontré : les remaniements ministériels ont toujours été un moyen pour remédier au déficit de l'action du gouvernement. Nous n'avons donc, semble-t-il, pas besoin d'élections anticipées, du moment que cet outil fonctionne très bien. Un remaniement est de loin moins onéreux et plus efficient que des élections avant-terme. Seulement, et même les deux derniers remaniements, celui de juin 2009 et six moins plus tard celui de janvier, n'ont pas été d'un grand secours pour Abbas El Fassi. Le premier remaniement a été consécutif à la sortie du PAM du gouvernement. L'antre du MP a certes permis de garder les équilibres, mais pas pour longtemps. Le parti étant aujourd'hui victime de plusieurs tiraillements internes, conséquence du même remaniement. La nomination, par contre, de Driss Lachgar a permis de faire taire les voix dissidentes du parti de la Rose qui appelaient à une sortie de l'USFP du gouvernement.