La 166e mission judéo-arabe, composée de militants associatifs français, était en visite cette semaine au Maroc, pour témoigner de la situation en Palestine, mais aussi pour appeler au boycott des produits israéliens. Le Soir échos les a rencontrés, lors de leur escale à Hay Mohammedi, à Casablanca. Une mission « judéo-arabe » en Palestine est une bannière qui interpelle. Appartenant à des associations françaises, ces militants juifs et arabes ont fait le choix de s'unir pour défendre la paix en Palestine. « Nous essayons de démontrer symboliquement que juifs et arabes, nous pouvons être du même côté de la barricade, si la ligne de démarcation est le droit et le non-droit », explique Michèle Sibony, présidente de l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP). Répondant à leur objectif premier d'informer, ils se sont rendus à deux reprises en Palestine, une première fois en février 2002, puis une deuxième fois en octobre 2010. Réalisées dans une intervalle de 8 ans, les deux expériences ont montré une évolution dramatique de la situation. «A l'inverse de la première mission, qui montrait un territoire encore relativement ouvert et une résistance optimiste, la deuxième a mis en lumière une phase de résistance plus individualisée et plus localisée. Une certaine fausse normalité, plus déprimante s'est imposée sur le territoire », raconte Michel Warschawski, militant juif pour la paix qui avait servi de guide en Palestine. C'était en 2010. La mission était, alors, constituée de militants de quatre associations françaises : l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP), l'Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Immigration, Développement, Démocratie (IDD) et la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR). Rencontre avec la société civile marocaine Venus témoigner au Maroc de leur expérience en Palestine, les membres de cette mission judéo-arabe se sont rendus mardi à l'AMDH à Rabat, puis hier au Centre de soin de l'Association marocaine de réhabilitation des victimes de la torture (AMRVT) à Hay Mohammedi, avant de partir ce week-end pour l'université de Marrakech et à Khmis Dadès. « Nous sommes venus au Maroc car notre groupe est composé à 90% de personnes d'origine marocaine », souligne Driss El Kerchi, président de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF). Campagne BDS Cette tournée en terre marocaine a été une occasion non seulement d'échanger avec la société civile marocaine sur leur combat pour la paix en Palestine, mais aussi de présenter la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Répondant à un appel lancé par 172 associations palestiniennes en 2005, le mouvement BDS prône le boycott des produits israéliens, dans le but de remettre en question les relations des firmes et des Etats avec l'Etat hébreu. « Le fondement de cette campagne est de lutter contre l'impunité dont jouit l'Etat colonisateur », explique Michèle Sibony. Selon ces partisans de la campagne, c'est à la société civile de jouer un rôle actif, en boycottant les produits qui contribuent à l'économie israélienne ou encore en remettant en cause les accords avec les universités israéliennes, dont celle de Jérusalem-Est, construite sur des terres occupées. Suite à ces premiers contacts positifs avec le milieu associatif marocain, la mission envisage déjà de revenir dans quelques mois, pour s'adresser à un plus large public. « La question palestinienne et celle de la normalisation gouvernementale marocaine avec Israël ne peuvent qu'intéresser la jeunesse marocaine. Il s'agit de discuter et d'éclairer cette question », conclut Michèle Sibony.