Le HCP a organisé, vendredi dernier, une « consultation régionale sur les thèmes du rapport sur le développement humain et la mesure du progrès humain ». L'occasion de s'interroger sur le degré d'efficacité et d'objectivité des rapports sur le développement humain. Avec la nouvelle dynamique que connaît le monde, ces derniers temps, il est devenu manifestement nécessaire d'opter pour un nouveau diagnostic des besoins, lesquels ont beaucoup changé, et dans le temps et dans l'espace, selon le HCP. Les rapports sur le développent humain produits par les Nations Unies (Pnud), souvent, ne font que des mécontents. Parmi ces derniers, Ahmed Lahlimi Alami, haut commissaire au Plan, et ses troupes qui considèrent que les indicateurs de mesures de développement humain ne reflètent pas la réalité. Revoir ces indicateurs, voire les modifier, tel est le constat majeur que l'on peut dégager de la rencontre intitulée « Consultation régionale sur les thèmes du rapport sur le développement humain et la mesure du progrès humain », tenue vendredi dernier au siège du Haut Commissariat au Plan (HCP) à Rabat. Les rapports sur le développent humain produits par les Nations Unies (Pnud), souvent, ne font que des mécontents. Parmi ces derniers, Ahmed Lahlimi Alami, haut commissaire au Plan, et ses troupes qui considèrent que les indicateurs de mesures de développement humain ne reflètent pas la réalité. Revoir ces indicateurs, voire les modifier, tel est le constat majeur que l'on peut dégager de la rencontre intitulée « Consultation régionale sur les thèmes du rapport sur le développement humain et la mesure du progrès humain », tenue vendredi dernier au siège du Haut Commissariat au Plan (HCP) à Rabat. Les paradigmes en question ont été soumis au feu des critiques des experts, tant au niveau de la démarche de définition que des choix. Abdelahaq Allalat du HCP se demande si ces indicateurs servent à évaluer les politiques de développement ou à établir des comparatifs entre pays. Aux yeux de l'expert, ces outils quantitatifs d'évaluation courent un gros risque de distorsion d'analyse, sans parler de leur contenu en information ; ce qui les confine dans une logique d'estimation, plutôt que de leur permettre de jouer leur rôle de référentiel et d'aide à la décision. « Les rapport doivent être accompagnés de recommandations, pour une meilleure appréciation. Ils doivent aussi faire preuve de proactivité et non pas de réactivité », prône-t-il. Rôle du politique Abondant dans le même sens, une intervenante algérienne, membre du Conseil économique et social de son pays, estime que les indices de développement humain, malgré les modifications, ne sont en fait que des moyennes nationales. « Ils ne donnent pas assez de visibilité quand on veut interroger le développement local. De plus, ils sont davantage quantitatifs que qualitatifs », observe-t-elle. Même son de cloche auprès de Alia Al Mahdi, professeur à l'Université du Caire, qui ajoute que les indices, utilisés jusqu'alors en vue d'évaluer les politiques et les performances d'un pays, devraient être complétées par d'autres, mesurant le degré de satisfaction des citoyens. De l'avis d'Abdelkhalek Touhami, professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Inséa) de Rabat, avec la nouvelle dynamique que connaît le monde, ces derniers temps, il est devenu manifestement nécessaire d'opter pour un nouveau diagnostic des besoins, lesquels ont beaucoup changé, et dans le temps et dans l'espace. « Il est temps d'évaluer les stratégies nationales et de revoir les systèmes de production statistique », insiste-t-il. Car, comme tout le monde le reconnaît, les données chiffrées actuelles manquent de « crédibilité et ne sont pas acceptées par tout le monde ». Mais, en vérité, ne s'agit-il pas là d'un point commun à un grand nombre d'institutions de production de statistiques, de surcroît parmi les pays dits en voie de développement ? Généralement, les comparaisons entre les indicateurs, calculés «objectivement» suivant des modèles économétriques précis et bien définis, et les perceptions des ménages sont plutôt divergentes. L'exemple du taux de chômage est à ce titre très significatif. Allons encore plus loin. Même au sein de la communauté scientifique, la conception et la mesure de la pauvreté ne font pas l'unanimité. Touhami recommande alors de redéfinir, au départ, les indicateurs à analyser. Des indicateurs auxquels on devrait ajouter les attentes et aspirations – quant au choix des politiques à adopter – de la société civile. ENTRETIEN AVEC …. Bruno Pouezat, Représentant- résident du PNUD Maroc. « Le développement humain, une responsabilité nationale » N'est-il pas prématuré de réfléchir dès maintenant à l'après-2015 ? Les OMD seraient-ils devenus obsolètes ? Ce n'est pas prématuré car la communauté internationale s'est engagée dans tout un cycle de réunions de préparation. La plus importante de ces réunions se fera l'année prochaine, en 2012 à Rio de Janeiro (Brésil), lors du 20ème anniversaire de la réunion de Rio de 1992, où le débat pour les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont été lancés. Il est donc important de commencer dès aujourd'hui. Autrement, les OMD ne sont pas obsolètes. Mais 2015, c'est très bientôt, et il est important de débuter aujourd'hui un débat qui nous permette d'identifier les prochaines cibles. Vous avez notamment évoqué les rapports sur le développement humain, que certains pays jugent injustes. Êtes-vous d'avis à ce que les indicateurs de mesure du DH changent ? Les indicateurs sont, depuis leur création, perçus comme étant imparfaits. Et le but du rapport sur le développement humain, c'est d'amener à une meilleure définition du développement humain, et à l'identification d'un meilleur mode de mesure. Le PNUD, depuis 1990, a développé, inauguré, et expérimenté toute une gamme d'alternatives à ces indicateurs. Et pratiquement chaque année, les indicateurs ont été modifiés pour arriver à une mesure plus fiable d'un concept extrêmement complexe. Le développement humain est-il une affaire nationale ou régionale ? Le développement humain est foncièrement une responsabilité nationale. L'expérience des autres, lorsqu'elle est analysée et sélectionnée, peut par contre enrichir le débat national, et par conséquent accélérer et faciliter l'atteinte des objectifs de développement nationaux. Les pays arabes les plus développés ne pourraient-ils donc pas être les locomotives de ceux qui sont à la traîne ? Le 8e OMD est justement la création d'une communauté internationale. Cette communauté existe déjà à plusieurs niveaux, en particulier dans cette région du monde. Bien sûr, elle ne peut qu'aider l'atteinte des objectifs nationaux. Qu'adviendra-t-il des pays qui n'atteindront pas les OMD ? Les pays qui ont des difficultés à atteindre les OMD ont bénéficié depuis le début d'un soutien international supplémentaire. Ce soutien ne peut qu'augmenter et s'accélérer au fur et à mesure que l'on se rapproche des cibles. Mais les efforts continueront au-delà de 2015, bien entendu ! Donc il y aura un développement humain après 2015… Il y aura même un développement humain s'accélérant après 2015. Propos recueillis par Selma T.Bennani