La crise financière a permis de faire émerger de nouvelles approches de gestion d'actifs axées essentiellement sur les convictions personnelles. La troisième édition du Forum Africain de la Finance a été l'occasion de s'en imprégner et d'étudier les mesures nécessaires pour les déployer en Afrique. Après les tendances de la gestion d'actifs et la gestion de leurs risques, i-conference s'est penchée, lors de la troisième édition de son Forum Africain de la Finance tenu à Marrakech du 6 au 8 octobre, sur la question des «Nouveaux Instruments de l'Asset Management» (gestion d'actifs). Depuis son lancement le forum s'est fait le credo de vulgariser et d'apporter en Afrique les meilleures pratiques en matière de gestion d'actifs. En effet, face à la crise qui a secoué les marchés financiers en 2008, les gestionnaires de portefeuilles internationaux ont dû innover et diversifier leurs méthodes de gestion et approche clientèle afin d'assurer les mêmes niveaux de performance. Conséquence : « plusieurs méthodes de gestion ont en effet retrouvé une place auprès des investisseurs institutionnels, asset-managers et fonds de pensions», font remarquer les organisateurs. On délaisse la gestion growth, qui privilégie la croissance immédiate ou future, au profit de la gestion value. Cette dernière préfère les entreprises en décalage par rapport à leur valeur d'actif net, en retard par rapport aux ratios financiers de leur secteur ou qui distribuent de généreux dividendes. Autrement dit, ce sont les valeurs défensives, sous cotées et délaissées par les autres investisseurs. L'autre type de gestion qui a fait ses preuves quand les marchés adoptent une tangente baissière est dit gestion long-short. Celle-ci, possible dans les pays où les ventes à découvert sont permises – ce n'est pas le cas au Maroc – consiste à diagnostiquer des déviations de valeur sur le marché et de vendre à découvert (donc prendre une position «short») l'actif surévalué pour ensuite acheter (donc prendre une position «long») l'actif sous-évalué. Ce qui permet un autofinancement, le prix de vente étant supérieur au prix d'achat. La gestion thématique, longtemps marginalisée, a retrouvé ses actes de noblesse. Le gestionnaire n'aurait finalement déboursé aucune somme, l'achat étant financé par la vente. Ces deux types de gestion, il faut le noter, ont été toujours pratiqués, mais s'avèrent aujourd'hui les plus performants. Par ailleurs, la gestion thématique longtemps marginalisée, a retrouvé ses actes de noblesse. A travers la gestion thématique, les gestionnaires de fonds investissent exclusivement dans un secteur d'activité donné présentant des perspectives de croissance particulières ou selon un sujet de société qui permet de constituer une stratégie d'investissement. Il existe ainsi de nombreux fonds thématiques dédiés à l'environnement. Ce sont les «fonds verts», ou ceux de plus en plus en vogue dédiés aux matières premières. Il existe également des fonds thématiques liés au thème du vieillissement de la population ou aux perspectives d'évolution du continent africain : «Ces fonds permettent de sélectionner un thème, et pas seulement, sur un type de produit financier, un marché, un pays ou une catégorie d'entreprises», précise les organisateurs. Ces fonds thématiques répondent à une approche transversale. Ils permettent ainsi d'investir sur une idée, selon ses convictions personnelles. Toutes ces gestions intègrent de plus en plus la notion de conviction dans le processus de décisions d'investissement, alors que la gestion classique s'appuyait essentiellement sur une approche quantitative de sélection des actifs et sous-jacents d'investissement. Cette approche pourra également être adoptée par les gestionnaires africains mais, en parallèle, il faudra mettre en place les mécanismes juridiques et financiers nécessaires pour leur essor.