La révolution du jasmin entre dans une nouvelle phase placée sous le signe du débat politique, avec le lancement de la campagne électorale. A l'issue de celle-ci, les Tunisiens éliront le 23 octobre l'Assemblée constituante. Un scrutin historique se prépare. Le coup d'envoi de la campagne électorale a été donné ce samedi. Une période d'effervescence s'annonce dans ce pays habitué à des élections arrangées depuis plus de 50 ans. A l'issue de la campagne, les Tunisiens devront déposer leur bulletin, le 23 octobre, pour élire l'Assemblée constituante, dont la principale tâche serait l'élaboration décisive d'une nouvelle Constitution. En attendant, les visages et slogans envahissent les murs des villes tunisiennes, chaque parti et candidat partant à la conquête de ses électeurs. Pour ce scrutin qui s'annonce historique, les Tunisiens ont l'embarras du choix. Bien loin du temps du parti unique, cette fois-ci, pas moins de 1 500 listes électorales comprenant 11 000 candidats ont été validées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée d'organiser le scrutin. Parmi elles, près de 800 représentent des partis et quelque 600 sont indépendantes, le reste des listes étant formées par des coalitions. Dans cette mosaïque de partis et candidats indépendants qui se disputeront les 217 sièges de la Constituante, la plupart sont méconnus des électeurs. En revanche, plus question de revoir les figures de l'ancien régime, puisque quelque 140 listes ont été invalidées en raison notamment de la présence de personnes déclarées inéligibles pour avoir exercé des responsabilités dans l'ancien régime ou pour avoir appelé Ben Ali à briguer un sixième mandat en 2014. Quant à l'organisation du scrutin, la page de l'ancien régime est également tournée, puisque les élections sont organisées par une instance indépendance (Isie), et non plus par le ministère de l'Intérieur comme auparavant. Selon un récent sondage, près de la moitié des électeurs n'avaient pas encore fait leur choix. Mais à compter de ce samedi, des centaines de meetings, réunions publiques et débats sont programmés par les partis et les candidats indépendants pour se faire connaître et gagner les voix des Tunisiens. Chaque liste aura, en outre, droit à un passage sur les médias publics pour diffuser un message électoral de trois minutes pendant la campagne. Cette dernière prendra fin le 21 octobre à minuit, soit deux jours avant le scrutin. Les Tunisiens de l'étranger, à qui sont réservés 19 sièges au sein de la Constituante, voteront eux les 20, 21 et 22 octobre. Le scrutin aura valeur de test pour les pays touchés par le Printemps arabe. « Ces élections préoccupent les forces de sécurité, les gens. Mais nous comptons sur la sagesse des Tunisiens, sur l'électorat et les citoyens tunisiens. Ces élections vont probablement être un indicateur pour les autres », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie tunisienne, Mohamed Mouldi Kefi. Garants de la transparence du scrutin, près de 600 observateurs nationaux ont été accrédités pour suivre les élections du 23 octobre. De plus, pour la première fois en Tunisie, une mission d'observation de l'Union Européenne est présente avec 150 observateurs déployés dans les 27 circonscriptions le jour du scrutin qui s'annonce sous bonne surveillance. Mais nous comptons sur la sagesse des Tunisiens, sur l'électorat et les citoyens tunisiens. Ces élections vont probablement être un indicateur pour les autres », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie tunisienne, Mohamed Mouldi Kefi. Garants de la transparence du scrutin, près de 600 observateurs nationaux ont été accrédités pour suivre les élections du 23 octobre. De plus, pour la première fois en Tunisie, une mission d'observation de l'Union Européenne est présente avec 150 observateurs déployés dans les 27 circonscriptions le jour du scrutin qui s'annonce sous bonne surveillance. C'est le parti islamiste Ennahda qui semble le grand favori du scrutin. Stratège, le mouvement a choisi de lancer sa campagne à Sidi Bouzid, la ville d'où est partie la révolution tunisienne, avec l'immolation de Mohamed Bouazizi. A la mi-septembre, le parti a présenté lors d'un congrès à Tunis son programme intitulé « Pour une Tunisie de la liberté, de la justice et du développement ». « Notre programme vise à mettre en place un modèle de développement national ayant comme points de repère les valeurs islamiques », avait indiqué Rached Ghannouchi, président du mouvement, avant de détailler les priorités de son parti: instauration d'un régime parlementaire, lutte contre le chômage et la corruption, indépendance de la justice, respect de l'égalité homme-femme.