La liste électorale nationale accordant aux jeunes et aux femmes une partie des sièges ne fait pas l'unanimité. Un lobby de jeunes est en cours de constitution, alors que les femmes dénoncent le recul de leurs acquis. Ni l'âge maximum fixé à 40 ans pour les jeunes candidats, ni le nombre de 30 sièges réservé par la liste électorale, ne répondent aux attentes des jeunes. Ali Elyazghi, secrétaire général de la jeunesse de l'USFP, ne cache pas son insatisfaction : « Je suis déçu du discours et de la réaction des politiques ! Avec les simulations mathématiques, en fin de compte, les jeunes n'arriveront à décrocher que 24 ou 25 sièges. C'est une régression par rapport à la volonté de garantir aux jeunes une participation massive à la politique !». La question des jeunes mériterait un peu plus qu'une petite compensation. « Nous avons considéré la part des jeunes dans la liste nationale comme une victoire morale, mais incomplète. Nous voulions que l'âge maximum du candidat jeune soit fixé au maximum à 35 ans et que le nombre de sièges (des jeunes, ndlr) soit au moins de 45. Les jeunes ne sont pas un sujet quelconque, car c'est grâce à eux que nous pourrions garantir un taux de participation élevé », indique Ali Elyazghi pour qui le plus important ne se limite pas à des « chiffres » mais à une « réelle reconnaissance politique des jeunes ». « C'est une bataille de conviction, avant tout ! », assure le militant de l'USFP. Cette « bataille », ils seront plusieurs jeunes à la mener. « Nous avons entamé des contacts avec plusieurs militants afin de constituer un lobby auprès des partis politiques », annonce Mehdi Bensaid, membre du conseil national du PAM et président du Cercle des jeunes démocrates marocains. Les concertations ont déjà été entamées dans le but de convaincre les partis politiques à donner l'exemple. « Si la loi a fixé l'âge du candidat jeune à 40 ans, les partis pourraient eux présenter des candidats de 35 ans. C'est ce que nous leur demanderons à travers ce lobby », explique Mehdi Bensaid. Le lobby se veut être une initiative institutionnelle à laquelle l'USFP, le PAM et le RNI ont d'ores et déjà adhéré. « Si en Grande Bretagne, le secrétaire général du Parti travailliste a à peine 32 ans, pourquoi le Maroc n'aurait pas la même chance ? Pourquoi des bureaux politiques ont peur de présenter des candidats jeunes ? », s'interroge Mehdi Bensaid,s convaincu que le « pôle des conservateurs pèse encore de tout son poids sur les élections ». « Nous voudrions à travers le lobby, assembler un maximum de jeunes. Nous avons ouvert une liste à tous ceux qui désireraient soutenir cette initiative. J'ai commencé à en parler au sein de mon parti, du bureau politique de l'USFP. Plusieurs se sont montrés très réceptifs », souligne Ali Elyazghi. Elles redoutent le pire Dans les rangs du mouvement des femmes, la part qu'accorde la liste nationale à celles-ci suscite non seulement la déception, mais la colère. Pour plusieurs militantes, c'est tout simplement un recul qui se profile à l'horizon. «Moins de 15% de femmes au Parlement ne peut certainement pas répondre aux revendications du mouvement féministe, alors que le Maroc vient à peine d'adopter une nouvelle Constitution consacrant la parité », regrette Aïcha M'hand, présidente du bureau exécutif de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) de Casablanca. Pour cette militante, le mouvement féministe a consenti énormément d'efforts en vue de parvenir à garantir aux femmes un accès à la gestion politique, mais le résultat aujourd'hui est tout simplement un coup dur à encaisser. « Il est connu, sur le plan mondial, qu'avec moins du tiers des femmes, c'est finalement la politique qui les influencera et non le contraire comme voulu», explique-t-elle. Les femmes ont peur de perdre leur voix, de se retrouver une fois de plus à la case zéro, de devoir recommencer un combat qui n'a que trop durer. «Nous avons une Constitution, une volonté au plus haut niveau et des compétences féminines, mais les partis politiques ne se montrent pas prêts du tout à admettre la parité », regrette la présidente de l'ADFM-Casablanca. Le mouvement féministe cherche à présent le moyen de réagir convenablement à cette situation. Sur Facebook, un projet appelle d'ores et déjà les femmes à boycotter les élections.