Les combattants pro-Kadhafi de Syrte ont encore jusqu'à demain pour se rendre. L'ultime combat semble de plus en plus inéluctable dans la ville natale du guide libyen où il aurait trouvé refuge selon les insurgés. Par ailleurs, l'ONU a autorisé le déblocage des avoirs libyens gelés dans les pays occidentaux depuis le début du conflit. Les insurgés ont donné jusqu'à samedi aux combattants pro-Kadhafi de la ville de Syrte pour se rendre et éviter un bain de sang. Selon eux, le guide libyen, introuvable depuis maintenant dix jours, se serait retranché dans cette ville où il bénéficie du soutien et de la discrétion des populations. Saïf al-Islam, l'un des fils de Mouammar Kadhafi, a mis en garde contre toute offensive des rebelles à Syrte. Dans un message diffusé hier, il a assuré que plus de 20 000 jeunes de la ville sont prêts à défendre et à résister jusqu'au bout. « Nous voulons tranquilliser le peuple libyen. Nous sommes toujours là, la résistance continue et la victoire est proche», a-t-il déclaré dans ce message de défi diffusé par la chaîne Arrai basée à Damas. «Le guide se porte bien», a ajouté Saïf al-Islam en faisant allusion à son père. Son frère, Saâdi Kadhafi, a, en revanche, adopté un ton différent, qualifiant les rebelles de «frères» et se disant prêt à se rendre pour «arrêter l'effusion de sang», dans une interview le même soir à la chaîne de télévision Al-Arabiya. Le CNT a immédiatement réagi à cette déclaration en promettant de lui garantir la sécurité nécessaire dont il aura besoin. «S'il se rend, nous allons assurer sa sécurité», a expliqué un responsable du Conseil militaire de la rébellion libyenne. Tout porte donc à croire que l'heure est plutôt à la dissension plus qu'à l'entente au sein de la famille Kadhafi. Il faut aussi rappeler qu'une partie de la famille se trouve actuellement en Algérie. Il s'agit notamment de Aïcha,la fille avocate du guide libyen, de Mohamed et d' Hannibal. Les insurgés ont également annoncé avoir arrêté Abdelati Obeidi, le ministre des Affaires étrangères du régime Kadhafi. Par ailleurs, la reconstruction du pays a commencé en dépit de la situation encore floue sur le terrain. Un avion de la Royal Air Force a acheminé mercredi en Libye une première tranche de 212 millions de dollars (280 millions de dinars libyens) sur le 1,6 milliard de dollars d'avoirs libyens détenus par Londres et débloqués mardi par les Nations Unies, a annoncé une source gouvernementale. «Cet argent, gelé en Grande-Bretagne après les sanctions imposées par l'ONU, servira à combler des besoins humanitaires urgents, à apporter de la confiance au secteur bancaire, à payer les salaires des fonctionnaires dans des secteurs clés et à libérer des liquidités dans l'économie libyenne», a déclaré William Hague, le chef de la diplomatie britannique. «Cette décision représente un autre pas important dans l'attribution d'une nécessité au peuple libyen», a-t-il ajouté. Une conférence des «amis de la Libye» s'est également tenue hier à Paris. Plus d'une cinquantaine de pays dont notamment les Etats-Unis,l'Italie, la Turquie ou encore le Qatar ont pris part à cette réunion qui a permis ,selon les initiateurs, de «tourner la page Kadhafi et d'encadrer les membres du CNT afin de mieux prendre conscience de leur responsabilité quant à l'avenir de la Libye». Il faut aussi noter que la France et l'Italie ont déjà rouvert leurs ambassades à Tripoli ces derniers jours. La Grande-Bretagne a également annoncé la réouverture de son ambassade en Libye dans les prochains jours. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci a, quant à lui, clarifié la position de son pays vis-à-vis du clan Kadhafi. Depuis le début du conflit libyen, la communauté internationale a longuement fustigé le silence d'Alger qui entretenait l'ambiguïté sur sa position. Le chef de la diplomatie algérienne a assuré hier sur Europe1 qu'«il n'y avait aucune ambiguïté de son pays sur Kadhafi». «J'espère maintenant que la paix viendra et que la vérité sur le comportement de l'Algérie va pouvoir être révélée», a-t-il déclaré. Il a également assuré que son pays serait prêt à reconnaître le CNT lorsqu'un gouvernement sera formé. Le quotidien algérien El Watan a rapporté dans son édition d'hier que les autorités algériennes ont refusé d'accorder l'asile politique au guide libyen qui «a tenté de joindre le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika au téléphone».