« Chiens, animaux, singes, … ». Non, ce n'est pas l'inventaire de la ménagerie de Témara, mais la dernière joute verbale dont l'auteur est Abdallah Bekkali, éditorialiste du quotidien Al Alam, et membre du bureau politique de l'Istiqlal et qui s'adresse à rien de moins qu'aux membres du Parti authenticité et modernité, désormais habitués aux attaques médiatiques. Dans l'édition du week-end dernier de l'organe de presse du PI, le directeur de publication s'est livré à une attaque frontale contre le parti du Tracteur. Un réquisitoire d'une rare violence où les insultes étaient légion. Bekkali a d'emblée annoncé la couleur, et ce dès la première ligne de son éditorial. Il a qualifié les membres du PAM de « pamtajia » (sorte de mixture entre PAM et « baltajiya »), et d'« arrivistes », dont le seul but est « leur propre ascension sociale et réussite économique », et tout cela en une seule phrase. Bekkali a écrit cette missive pour, dit-il, dénoncer les attaques que livrerait le PAM à l'encontre de son parti. Mais le ton utilisé par le journaliste est à la limite de la bienséance. Comparant les PAMistes aux dignes « héritiers d'Oufkir », le leader istiqlalien s'est ensuite attelé à traiter les amis de Si Fouad de tous les noms , en les qualifiant de « singes bien dociles ayant incrusté l'arène politique [...] », de « chiens ayant perdu toutes leurs canines », et même de « chats » ! Et pour finir en apothéose, Bekkali a clos son show « animalier » par un « c'est pour cela que nous disons à ces petits arrivistes, à toutes ces sortes d'animaux… Vous ne faites peur à personne…[...] ». Point final. Face à cette véhémente logorrhée, le porte-parole du PAM, Salah El Ouadie, est monté également au créneau. Dans une lettre publiée par celui-ci, et dans un style beaucoup plus subtile, l'ancien détenu politique a défendu ses camarades et a regretté qu'Abdallah Bekkali s'en soit pris à tous les membres du parti, et non seulement à quelques-un de ses membres. Il a, de même, fustigé la manière avec laquelle s'est pris le cadre istiqlalien aux siens, en utilisant notamment des noms d'animaux. « S'il (Bekkali) s'est mis à comparer entre les années au cours desquelles son propre parti s'est occupé de la gestion de la chose publique, soit depuis les années soixante, et le nombre d'années que nous n'avons même pas encore passé, il se serait tu et aurait fait profil bas. », a-t-il asséné. El Ouadie a aussi critiqué la malhonnêteté de Bekkali, rappelant le fait que c'est bien le parti de l'Istiqlal qui s'est assis aux côtés de Driss Basri depuis, dit-il, 1972. Quant au style utilisé par son adversaire, El Ouadie lui reproche de ne pas s'être tenu au vrai travail de journaliste. « Est-ce cela l'exemple de l'écriture journalistique professionnelle que nous propose Monsieur le vice-secrétaire général du syndicat des journalistes [...] ? », s'interroge-t-il, non sans ironie. Le porte-parole du PAM est allé jusqu'à menacer Bekkali de poursuites judiciaires. Et rien ne dit justement que cette affaire ne sera pas sans suite.