Lors de la présentation en Conseil de gouvernement des grandes lignes de la loi de Finances 2012, le ministre de l'Economie se voulait rassurant…sans convaincre. La dernière sortie médiatique du ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar le jeudi 11 août, s'est voulu rassurante. Mezouar a tenu à rappeler lors du dernier Conseil de gouvernement que le taux de croissance (hors secteur agricole) a été de 5,1% au premier semestre de l'année en cours tout en précisant que la plupart des secteurs d'activité ont enregistré une croissance positive, notamment le secteur du BTP et les secteurs exportateurs. Sauf que, « cette croissance a été tirée principalement par les exportations des phosphates et dérivés qui ont représenté plus de 50% du total des exportations des marchandises le premier semestre 2011 », nous fait savoir un économiste. Et d'ajouter que «si les exportations ont enregistré un rebond de 19,8%, il ne faut pas omettre que les importations ont augmenté de 22,5%. Induisant ainsi un déficit de la balance commerciale qui s'élève à plus de 61 milliards de dirhams ». Pour ce qui est du boom du BTP, l'explication est claire: tous les promoteurs se sont rués vers le programme des logements sociaux, un programme qui coûtera plus de 4 milliards de dirhams à l'Etat sous forme de dépenses fiscales. Par rapport au projet de loi de Finances 2012, Mezouar prévoit une croissance qui oscillera entre 4,7 et 5,2% (5 à 5,5% hors agriculture), une inflation de 2% et un budget réalisé sur la base d'un prix du baril de pétrole à 100 dollars. La masse salariale dépassera les 95 milliards de dirhams et les charges de compensation seraient de près de 40 milliards de dirhams. «Un taux de croissance de plus 5% pour 2012, voire même pour 2011 semble très optimiste», commente l'économiste. Il avance que nos principaux clients et fournisseurs (l'Europe, l'Asie et les USA) adoptent des politiques de rationalisation. D'ailleurs, les aides habituelles, les dons et les IDE se sont amoindries cette année. Notre source a préféré nous rappeler quelques faits : le déficit budgétaire avoisinera un record de 50 milliards de dirhams cette année, le taux de chômage augmentera et l'inflation sera plus ou moins maîtrisée, mais uniquement grâce à l'intervention étatique via la Caisse de compensation qui dépassera sûrement les 40 milliards de dirhams en 2012. Seule solution plausible, selon l'économiste, une levée de fonds à l'international comme ce fut le cas en 2010. Reste à trouver le prêteur en ces périodes de crise.