Le procès des huit suspects de l'attentat terroriste de la place Jemaâ El Fna sera rouvert le 18 août prochain. En attendant, l'embargo a été levé sur les droits de visite. Les familles des huit détenus de l'attentat du 28 avril dernier, qui a tué 17 personnes et en a blessé une vingtaine d'autres, ont finalement obtenu un droit de rendre visite à leurs proches dans le centre pénitentiaire de Salé. Une autorisation cependant bridée, d'après Hassan Bettar, le frère de Abdessamad Bettar, l'un des sept détenus arrêtés en juin dernier à Safi pour implication dans l'attentat de Marrakech. Les suspects «ont signé des PV sous la menace». Le coordinateur des familles de détenus. «La visite a lieu chaque lundi mais ne dure que dix ou quinze minutes, au cours desquelles nous n'arrivons même pas à communiquer normalement avec nos proches. Deux grillages nous séparent et tout au long des couloirs, des agents et des gardiens surveillent tous nos faits et gestes», regrette Zina Jourdali, l'épouse de Abdelfattah Dahhaj qui se dit préoccupée de l'état de santé de son mari. Comme souvent dans pareilles circonstances, les familles se plaignent des conditions de détention des leurs. «J'aurais voulu poser des questions à mon frère, avoir les détails du traitement qu'on leur réserve, mais ce n'est pas possible tant que les gardiens sont là. Il m'a tout de même confié qu'il a cessé de s'alimenter pendant cinq jours et qu'il a été transporté à l'hôpital où une psychologue lui a recommandé du repos et prescrit des médicaments», témoigne Hassan Bettar. Son frère Abdessamad, qui se dit victime d'une grave dépression, n'a pu suivre son traitement que quelques jours seulement. La coordination des familles, qui clame l'innocence des personnes détenues dans le cadre de cette affaire, affirme également que les suspects « ont signé des PV qu'ils n'ont jamais lus». «Ils l'ont fait sous la menace et à présent ils sont détenus en isolement dans un pavillon dont ils ne sortent jamais», affirme le coordinateur. Le 18 août, les familles se réuniront de nouveau pour un sit-in qui sera suivi d'un point presse.