Afin de se conformer à son ADN, Radio Plus a supprimé son desk francophone. Les responsables de la chaîne parlent d'un repositionnement tandis que certaines voix en interne parlent de difficultés financières… Voilà près de deux mois que le desk francophone de Radio Plus a été supprimé. Le 9 juin dernier, trois journalistes, en plus du rédacteur en chef apprennent la nouvelle. « On ne s'y attendait pas ! Le matin même, nous étions en réunion avec le directeur de la radio pour savoir comment nous allions traiter de la campagne référendaire, et quelques heures plus tard, l'annonce de la suppression du desk francophone est tombée», témoigne une des journalistes démissionnaires. Pour justifier cette situation, le directeur de Radio Plus aurait, selon les dires de plusieurs journalistes sur place, invoqué des raisons financières et des soucis d'audience. « Il nous a tout simplement dit que la radio se positionnait dorénavant à 100 % sur l'arabophone car cela rapporte plus d'audience et qu'avec les multiples départs des journalistes francophones, il était obligé d'agir ainsi», dévoile cette même source ayant préféré garder l'anonymat. Selon Abderrahmane Adaoui, joint au téléphone, il n'est nullement question de difficultés financières mais simplement d'un recentrage stratégique. Le bureau de Casablanca a vocation à créer des programmes pour les antennes régionales. or, selon le fondateur de Radio Plus, la signature de la station est sa programmation arabophone. D'ailleurs, en dehors de Casablanca, aucune station n'émet en français. Le directeur de Radio Plus parle d'accord à l'amiable mais les journalistes considèrent qu'il s'agit bien d'un licenciement déguisé. Les deux journalistes Ghassan Sabouat et Imane Azmi, ainsi que le rédacteur en chef Hafed El Jai étaient les derniers à être encore en poste lorsque la décision a été prise. Le directeur de la radio Abderrahim Adaoui a donc mis fin au contrat de ces journalistes à l'issue d'une procédure à l'amiable étant donné que les profils ne collaient plus avec le positionnement de la radio. Cependant certains journalistes considèrent qu'il s'agit d'un licenciement déguisé. «Nous avons certes été indemnisés, mais en réalité il nous a poussé à démissionner,», déclare un des journalistes bénéficiaire du package de départ. Contacté par le Soir échos, Abderrahim Adaoui a salué l'engagement de son actionnaire principal qui a tenu ses engagements d'investissement pour les extensions prévues et souligné la nécessité de rationaliser l'offre de la chaine. Selon ses propos relayés par la presse nationale, quelques jours après ces évènements, la viabilité économique de ce service francophone est invoquée d'une manière répétitive. Mais certains observateurs de l'univers des médias s'interrogent. Pour un représentant de l'ARTI, ayant préféré garder l'anonymat, comment une radio qui est à présent adossée à un groupe comme Holmarcom pourrait-elle souffrir de difficultés financières ? «Il ne faut pas oublier que ce grand groupe est l'actionnaire principal de Radio Plus et qu'il détient 52 % de son capital. La radio n'a pas de problème d'investissement ». Une autre source anonyme affirme que Radio Plus serait actuellement en train de construire onze studios régionaux à travers le pays… pour «un investissement qui frôle les 20 millions de dirhams, donc il faut arrêter de dire qu'il y a des problèmes financiers !», s'emporte la même source, comme le confirme le dirigeant de la radio. «Radio Plus Casablanca se recentre sur son audience traditionnelle arabophone qui a fait son succès dans les autres régions du pays.» «Il n'y aura plus de service francophone à Radio Plus Casablanca car nous privilégions la proximité comme Radio Plus Agadir et Radio Plus Marrakech», affirme pour sa part Lahcen Aouad, le responsable des reportages au sein de la station casablancaise. En attendant, l'association des radios et télévisions indépendantes (ARTI) n'a pas réagi. Son président, Rachid Hayek, également directeur de Chada FM déclare : «Nous sommes en vacances en ce moment, mais peut-être que nous allons en parler à la rentrée lors d'une réunion des membres». Le secrétaire général d'Arti, Younès Boumehdi (Hit Radio) souligne quant à lui que l'Association n'a pas vocation à s'immiscer dans les problèmes internes des radios.