Rupert et James Murdoch doivent comparaître aujourd'hui devant la Commission Médias du Parlement, aux côtés de l'ex-rédactrice en chef Rebekah Brooks, pour s'expliquer sur les écoutes téléphoniques pratiquées par le groupe News Corp. Une audition très attendue, après la démission du chef de Scotland Yard ce dimanche qui a mis sous les projecteurs le Premier ministre, David Cameron. Deux nouveaux rebondissements sont survenus ce week-end dans le scandale des écoutes téléphoniques de l'empire Murdoch. Eclaboussé par l'affaire, le patron de Scotland Yard, Paul Stephenson, a annoncé sa démission dimanche à la télévision britannique. « J'ai pris cette décision en raison des spéculations et des accusations sur les liens entre la police métropolitaine et News International, au niveau de ses dirigeants », s'est-il expliqué, avant de préciser «en particulier avec Neil Wallis, ex rédacteur en chef ajdoint de News of the World ». Et pour cause, Scotland Yard avait recruté pendant un temps Neil Wallis comme consultant en communication, après son départ du tabloïd. Puis, deuxième coïncidence, l'ex-journaliste aurait également été consultant dans un hôtel où Paul Stephenson a passé cinq semaines de convalescence cette année. Des imbrications étranges, auxquelles s'est ajoutée la révélation de nombreuses rencontres entre Paul Stephenson et les dirigeants de News International, entre 2006 et 2010. Après l'arrestation de Neil Wallis jeudi, la position du chef de Scotland Yard était devenue intenable, le poussant à renoncer à son poste ce dimanche. Un peu plus tôt, le même jour, un autre coup d'éclat se produisait avec l'arrestation de Rebekah Brooks, ex-rédactrice en chef de la filiale britannique, News International. Après un interrogatoire de 12h, elle a été relâchée sous caution. Acculée à la démission, vendredi, elle est soupçonnée de « participation à l'interception de communications » et de « corruption ». Deux accusations dont elle se défend. Rebekah Brooks est la dixième personne arrêtée depuis le début de l'enquête sur les pratiques illégales du groupe Murdoch. Les écoutes téléphoniques auraient été pratiquées à grande échelle par l'empire de Rupert Murdoch depuis le début des années 2000. Pour le moment, l'affaire a déjà entraîné la fermeture du tabloïd News of the World, après 168 ans d'existence, et le renoncement du groupe au projet de rachat du bouquet satellite BSkyB. En annonçant son départ, le patron de Scotland Yard s'est défendu d'avoir été impliqué dans l'affaire. « Je n'ai jamais eu connaissance de l'ampleur de ces pratiques honteuses ni de la nature répugnante de la sélection des victimes. Je le dis clairement : je sais, et les gens qui me connaissent savent que mon intégrité est totalement intacte », a-t-il clamé. En revanche, Paul Stephenson a décoché en partant une flèche empoisonnée en direction du Premier ministre, David Cameron. Il a établi un parallèle entre son choix à lui de recruter Neil Wallis au sein de Scotland Yard et celui de David Cameron d'engager Andy Coulson, ex-rédacteur en chef du News of the World, comme chef de la communication à Downing Street. L'information faisait les choux gras de la presse britannique en ce début de semaine. « La crise se propage maintenant aux médias, à la politique et la police », estime The Guardian dans son éditorial, ajoutant que « maintenant le Premier ministre se trouve vraiment sur la sellette ». « Loin de faire baisser la pression sur David Cameron, le départ de Sir Paul l'augmente », juge de son côté le quotidien The Daily Telegraph. Bien que mis en difficulté par les derniers évènements, David Cameron est parti dimanche en voyage en Afrique du Sud, dans le but de booster le commerce britannique avec les économies émergentes du continent noir. Mais la visite a été écourtée de cinq à deux jours, en raison de l'ampleur prise par le scandale de l'empire Murdoch. Depuis Johannesburg, David Cameron a exprimé, hier, son souhait de s'exprimer mercredi devant le Parlement concernant le scandale des écoutes téléphoniques.